par Serge Malbec, pour la Pastorale du Chemin de Compostelle à Béziers
serge.malbec@orange.fr 06 98 85 00 97
- Récit de Montpellier à Fabrègues : cliquer ICI
- Récit de Fabrègues, Gigean, Balaruc-le-Vieux : cliquer ICI
- Récit de Balaruc-le-Vieux, Bouzigues, Loupian : cliquer ICI
- Récit de Loupian à Pinet : cliquer ICI
- Récit de Pinet à Saint Thibéry : cliquer ICI
- Récit de Saint-Thibéry au bois de Bourbaki : cliquer ICI
- Récit du bois de Bourbaki au Pont Vieux à Béziers : cliquer ICI
- Récit des écluses de Fonseranes Béziers au tunnel du Malpas : Cliquer ICI
- Récit du tunnel du Malpas à Capestang, en passant par Poilhes : Cliquer ICI
- Récit de Capestang à Quarante : cliquer ICI
- Récit de Cruzy à Bize-Minervois : cliquer ICI
- Récit de Bize-Minervois à Azille en passant par Beaufort : cliquez iCI
Récit de Montpellier à Fabrègues
Le départ s’est fait de Montpellier à l’Église St Roch ou Mgr Claude Azéma, Evêque auxiliaire de Montpellier donna la bénédiction des pèlerins d’un jour, après avoir chanté Ultreïa en direction de Fabrègues.
Roch né en 1295, fils d’un gouverneur de Montpellier, Saint Roch s’illustra lors d’épidémies de peste. Il est très populaire sur Montpellier, l’église de style néo-gothique fut construite entre 1860 et 1868 pour honorer sa mémoire. Saint Roch est le patron des pèlerins, c’est pour cela que les pèlerins, faisant route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, qui empruntent le chemin d’Arles ou la voie du Piémont-Pyrénéen font étape dans le sanctuaire qui possède plusieurs reliques du Saint.
A la sortie de Montpellier à hauteur, du stade Yves-du-Manoir, l’itinéraire pèlerin s’était d’abord confondu avec le tracé de la voie Domitienne, jusqu’à l’abandon de celle-ci au début du XIIème s. et la création du « cami novi », le chemin neuf. Ce dernier passe par Saint-Jean-de-Védas, Lavérune, Fabrègues en direction de Saint-Thibéry et au-delà. Il est désigné, dans les textes, par des expressions telles que « camin romieu » et « caminus peregrinus ».
Arrivée à Fabrègues (de l’occitan Fabregas, issu du latin Fabricae : forges). Dès le début de l’âge du fer il y a eu une intense activité des populations méditerranéennes. Cet endroit fut habité depuis au moins le Vème ou IIIème s. av. J.-C. Lieu de passage et d’accueil depuis toujours : voie Domitienne grand chemin royal (ex-RN 113), le village existe en tant que communauté depuis le IXème s., soit près de mille ans d’histoire riche en événements de toutes sortes pour le village dont l’urbanisme particulier (circulade) remonte aux XIème et XIIème s. La marche s’est terminée par une visite de l’église. L’ancien clocher (classé) de l’église Saint-Jacques (tour avec campaniles) date le bas au XIIème s. ; le haut du XVIIème s.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Fabrègues, Gigean, à Balaruc-le-Vieux
Au départ de Fabrègues le chemin est pratiquement en ligne droite sur 9 km à travers champs et vignes. A Gigean nous avons reçu un excellent accueil par une importante délégation du conseil municipal, Mr le Maire Francis Veaute, a exprimé sa reconnaissance pour l’initiative en faveur de la renaissance du chemin, et son intention de créer un lieu d’accueil pour les futurs pèlerins. (Il a été ouvert en mai 2018).
Gigean a toujours été une terre d’accueil et la commune a su s’enrichir de sa diversité tout au long de son histoire. Ce territoire a été habité dès la préhistoire, comme en témoignent les vestiges découverts sur le massif de la Gardiole ou à proximité. C’est à la période romaine qu’une organisation des campagnes et le développement des voies de circulation, ont été créés. Du XIème s. au XIIIème s., Gigean a connu une période propice à son développement.
Le cœur historique est une véritable « circulade » c’est à dire un type d’agglomération fortifiée apparue au Moyen-âge dont le système parcellaire est basé sur le cercle. Une partie des remparts est encore visible et 2 portes subsistent encore. L’ancienne église Saint Géniès. date du XIème et XIIIème s.
Nous avons pris la direction le massif de la Gardiole pour gagner l’abbaye Saint Félix de Montceau située à 228 m d’altitude. La fondation d’un monastère de femmes sur cet emplacement remonte à l’épiscopat de Godefroid, évêque de Maguelone (1080-1104). Ce fut tout d’abord un couvent de Bénédictines, puis de Cisterciennes, vers 1167, réforme accomplie par l’évêque de Maguelone Jean de Montlaur Ier. Ce fut à la fin du XIIIème s. qu’a été bâtie l’église gothique, dont on voit encore les belles ruines, qui a fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis février 1925. Par temps clair le panorama de 360° est grandiose et offre à la vue de très beaux paysages sur le bassin de Thau, Palavas, Montpellier, etc… C’est par un chemin qui passe par la forêt domaniale de la Gargiole que nous sommes descendus vers Balaruc-le-Vieux.
À l’église St Maurice le Père Michel Escriva donna des explications sur cette belle église. Cet édifice, mentionné dès 957, possède quelques éléments romans, mais sa forme actuelle date du XIVème s. Grand portail gothique et tympan encadré d’un triple cordon mouluré dominé par une belle rosace à six trilobes. Clocher-mur à deux baies élargies pour donner l’apparence d’une tour carrée. Soulignons que le Chemin de Saint Jacques n’est pas seulement un itinéraire; il est un très vaste complexe de chemins et de routes, sur terre et sur mer, qui convergent vers le point où, selon la tradition, fut enterré Saint Jacques le Majeur. C’est l’itinéraire de la foi chrétienne de l’immense périmètre européen jusqu’à un lieu fondateur de la foi dans ce continent.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Balaruc-le-Vieux, Bouzigues, Loupian
Nous avons suivi le tracé de l’ancienne ligne de chemin de fer sur environ 6 km. Le plus pittoresque est le passage à travers l’étang de Thau.
Arrivée à Bouzigues, passage par l’église Saint-Jacques, qui date du XIV-XVème s, agrandie au XVIème s. Évocation de la possibilité de créer un lieu de repos destiné aux futurs pèlerins, gîte pour quatre ou cinq personnes… En tout état de cause nos hôtes ont manifesté un réel intérêt pour la renaissance du chemin. Le Père Yvon Quissargue, qui était accompagné du diacre Jacques Gleyze, s’est réjoui d’une telle perspective à laquelle la paroisse ne manquera pas de s’associer.
Bouzigues est situé sur la rive nord du Bassin de Thau et possède tout le charme d’un petit village de pêcheurs méditerranéen. Très attaché à ses traditions, Bouzigues est devenu un lieu incontournable en matière de conchyliculture, avec ses élevages d’huîtres et de moules, élevées dans l’eau riche en algues et plancton qui lui donne un bel équilibre tonique. Tout d’abord habité par des pêcheurs, vivant dans des troglodytes le long du rivage, le village s’est ensuite consacré à l’agriculture.
Après le repas tiré du sac pris sur les bords de l’étang réchauffés par les rayons du soleil, nous nous sommes remis en marche. C’est par un tunnel que l’on évite de traverser la route très fréquentée. La marche sur le chemin qui traverse la garrigue fut un enchantement. Une faune et une flore exceptionnelle rendent cet endroit unique car il offre une vue ravissante sur les ilots formés de quatre tables chacun qui affleurent au ras de l’eau.
Loupian n’est qu’à 4 km de distance. Il faut savoir qu’un musée permet de voir un site gallo-romain et notamment les vestiges d’une villa qui permet de replonger dans l’ambiance et l’histoire des grandes exploitations agricoles gallo-romaines à travers une reconstitution de l’un des bassins des thermes cerné de sa mosaïque d’origine (IIème s après J.C.). L’église Sainte Cécile se dresse en bordure d’un chemin ancien qui était, à la fin du Moyen Age, une des principales routes du Languedoc méditerranéen : le « camin romieu » (chemin des pèlerins). Vue de l’extérieur, l’église classée au titre des Monuments Historiques, a l’austérité d’une forteresse. Sa masse rectangulaire, rythmée à la verticale par de solides murs-boutants, n’est coiffée que d’un modeste clocheton. Le portail principal, sur la façade méridionale, et la porte latérale, dite Porte des Morts car elle ouvrait directement sur le cimetière, ne comportent aucune décoration en dehors de chapiteaux feuillagés très simples. Joseph Bremond expliqua que l’église fut construite dans le courant du XIVème s selon un plan d’une grande simplicité, caractéristique du « gothique languedocien ».
Lors de la marche suivant le départ se fera de Loupian, cela permettra de découvrir le patrimoine fort heureusement préservé, et en particulier la chapelle Saint-Hippolyte, édifice roman daté de la seconde moitié du XIIème s.
Les Pastorales du Tourisme et du Chemin de Compostelle se sont réjouies, le 28 janvier 2013, en constatant un réel enthousiasme, de tous les partenaires, pour la proposition de faire revivre ce chemin pas comme les autres. Nous avons été assurés de l’engagement du Conseil Général de l’Hérault qui a chargé le Comité Départemental de la Randonnée Pédestre 34 de faire l‘étude du tracé. L’objectif étant de voir l’étude du tracé faite dans son intégralité, afin que la procédure d’homologation du chemin des Romieux puisse aboutir à l’officialisation du GR78.
A souligner : les retombées économiques dont pourraient bénéficier les territoires traversés sont indéniables car susceptibles de participer aux efforts de développement culturel et de mise en valeur du patrimoine local.
Cette voie se parcourait dans les deux sens : d’une part, les Romieux de l’Europe du Sud (Espagne, Portugal) l’empruntaient pour se rendre à Rome, ville qui a vu le martyre de Pierre et de Paul ; d’autre part, les jacquets (d’Italie, de Provence et d’Allemagne) la prenaient pour aller sur le tombeau de Saint-Jacques à Compostelle.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Loupian à Pinet
Le Père Yvon Quissargues donna avant leur départ la bénédiction aux pèlerins rassemblés autour de lui dans le chœur de l’église Sainte Cécile. Sur les 8 kms qui séparent Loupian de Pinet, le chemin des Romieux passe à travers la garrigue et se confond sur une partie avec l’ancienne voie Romaine (la « Via Domitia » date de -118 avant JC). Elle reliait Rome à ses provinces ibériques. Selon certaines légendes, la voie Domitienne reprendrait un itinéraire créé par Héraclès (Hercule), la voie Héracléenne.
Le tracé de la Via Domitia est construit de manière presque rectiligne sur des terrains solides. L’observation des cartes topographiques montre très souvent le parcours qu’elle empruntait. Les routes modernes empruntent encore souvent le tracé de la Via Domitia (N85 – N100 – A9…). Robert Cervera expliqua que dans les villes qu’elle traverse, elle est pavée ou dallée, mais la plupart du temps, c’est un chemin en terre battue sur des couches stratifiées de gravier et de cailloutis. La voie était ponctuée de bornes milliaires, qui correspondent plus ou moins à nos actuels panneaux indicateurs, indiquant les distances entre la borne et les villes voisines.
On peut voir au lieu-dit « Bois de la Vallongue » un parcours aménagé présentant la Via Domitia, son histoire et son environnement. On y observe une coupe transversale d’une portion de cette voie que les archéologues ont mis au jour et qui permet de comprendre les techniques utilisées, par les professionnels de l’antiquité, illustrées par un panneau. Outre la belle vue panoramique imprenable, la faune et la flore locale, typiquement méditerranéennes ainsi que le terroir spécifique du Picpoul de Pinet ont donné à cette marche une touche particulière.
C’est à hauteur de ce site que nous avons rejoint Pinet (qui n’est pas situé sur le tracé). Blotti entre les garrigues et le bassin de Thau, au cœur d’un vignoble chatoyant, qui met l’œil, le nez et la bouche en éveil. Le classement de son territoire en zone de production « Appellation d’Origine Contrôlée » Picpoul de Pinet.
Le Père Jean Barthes et des paroissiens accueillaient les pèlerins d’un jour à l’église Saint Siméon le Stylite par des chants et prières. Le Père soulignait le sens de la marche qui donne du sens au parcours de chacun. La journée se terminait par une réception organisée par la municipalité dans l’ancienne gare. Monsieur Gérard Barrau Maire de Pinet, entouré de plusieurs adjoints, a adressé quelques mots pour dire toute sa satisfaction de voir la renaissance du chemin des Romieux bien avancée, il rendit hommage à Robert Cervera « l’enfant du Pays » qui voit ses efforts en faveur de la promotion de cette voie récompensés.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Pinet à Saint Thibéry
Robert Cervera restera celui qui nous a fait découvrir l’existence du chemin des Romieux. Fin connaisseur de l’histoire de ce chemin, et plus particulièrement du tronçon Loupian-Béziers, que l’on retrouve présent sur toutes les cartes de France, de la province et sur les cadastres sous les vocables de : via Domitia, chemin de la poste, chemin des Romieux, Cami Roumieux, chemin royal des troupes, chemin de Béziers à Montpellier etc.
Le tracé que nous avons préconisé au Comité Départemental emprunte sur une partie l’ancienne voie Domitienne. Le clou de la marche était l’arrivée à Saint Thibéry. Depuis l’Antiquité, la ville se trouve à un carrefour de routes et sur un axe est-ouest.
Le pont romain de Saint-Thibéry qui franchit l’Hérault est emprunté tout au long du Moyen Age par les pèlerins et les marchands. Hélas plusieurs arches ont été emportées par les crues de l’Hérault. Ce pont a été construit au Ier siècle par les romains pour franchir l’Hérault. Il était, avec ses 9 arches, le pont le plus long de tout le tracé de la Voie Domitienne… Ruiné au VIIIème s, il fut reconstruit sur les bases antérieures au XII/XIIIème s. par les moines de l’Abbaye.
Le Père Jean Barthès, des paroissiens et l’équipe de Saint Thibéry patrimoine, en particulier sa Présidente Madame Romieux, nous ont accueillis en l’église paroissiale, ancienne abbaye (Inscrite aux monuments historiques depuis le 21 février 2005) qui doit son origine aux martyres de Tibère, Modeste et Florence, ainsi pas moins de trois reliques sont vénérées depuis des siècles dans l’ancienne Abbaye de Saint Thibéry. Fondée à la fin du VIIIème siècle, elle fut établie au pied de la cité antique de Cessero où se trouvait un château mentionné dès 990, est contemporaine d’Aniane et de Lagrasse.
Le Père Jean Barthès invita à « coller au Christ » comme nos pas sont collés à la terre. Joseph Bremond décrivit les lieux. Il signala la petite chapelle d’origine romane, la gleisette, qui est sous l’église actuelle L’église abbatiale de Saint-Thibéry, de style gothique, édifiée à la fin du XIIIème s., ne fut jamais achevée par manque de fonds. Au XVIIIème s., les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur reconstruisirent (1639-1645) le monastère avec magnificence, dont il reste un ensemble formé par le maître-autel, les stalles et les boiseries du XVIIIème s. Le retable baroque, du XVIIème s., est dédié à la Vierge. Il y a une coquille au sommet, référence aux pèlerins… La Croix de procession dans le chœur, montrent que les trois bras sont prolongés par des coquilles, autre référence aux « pèlerins » et à la conversation de Jésus et la Samaritaine devant le puits.
Monsieur le maire et des élus ont réservé un excellent accueil au groupe de marcheurs. Dans son mot de bienvenue, Mr Guy Amiel, annonça officiellement la rénovation en cours d’un gîte dans l’ancienne abbaye équipé pour 5/6 pèlerins (inauguré le 7 octobre 2017). Nous l’avons remercié très chaleureusement, car cela démontre qu’une fois de plus les élus sont attentifs et partie prenante dans la renaissance de ce chemin vers Compostelle, que la Pastorale du Chemin appelle de ses vœux. Ainsi les premiers pèlerins (en plus des autres accueils possibles) trouveront réconfort et hospitalité.
Nous attendons l’aboutissement de l’homologation du chemin en chemin de Grande Randonnée 78. En présence de Jean-Michel du Plaa, et Monsieur Louis Villaret (Vice-présidents du Conseil Général de l’Hérault), ce dernier a confié le 13 mars 2013 au CDRP 34 (Comité Départemental de la Randonnée Pédestre) d’être le porteur de projet, tout en s’engageant à ce que les services concernés du CG34 apportent leur soutien technique pour procéder au diagnostic géographique et évaluer les moyens à mettre en œuvre afin d’aboutir à une sécurisation juridique du projet. Après la reconnaissance sur le terrain, maintenant balisage et signalisation sont attendus.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Saint-Thibéry au bois de Bourbaki
Le départ la marche de reconnaissance du chemin, s’est fait depuis l’ancien pont romain de Saint-Thibéry, …
Saint Thibéry, appelé autrefois Cessero, Thibéry, jeune garçon âgé de dix ans, qui était le fils d’un gouverneur romain d’Agde du nom d’Hélée, son précepteur Modeste, qui l’avait converti au christianisme, et une femme nommé Florence sont des Saints vénérés dans ce village. On imagine combien de nombreux pèlerins s’arrêtaient pour se recueillir en ce lieu pour vénérer les reliques de ces Saints.
Après la traversée du village, qui était autrefois le siège d’une abbaye bénédictine, fondée à l’époque carolingienne par Attilio, disciple et ami de saint Benoît d’Aniane. L’église abbatiale de Saint-Thibéry, de style gothique, édifiée à la fin du XIIIème s, ne fut jamais achevée par manque de fonds. Le centre ancien du village conserve un ensemble de maisons des XVème, XVIème, XVIIème et XVIIIème s. Ce village ne demande qu’à retrouver sa vocation de lieu de pèlerinage et d’accueil des pèlerins et marcheurs.
A la sortie du village, Robert Cervera notre guide nous a mis sur le chemin … expliquant avec passion, cartes à l’appuies, l’histoire de cette voie millénaire tombée dans l’oubli et pour laquelle la Pastorale du Chemin de Compostelle se mobilise, pour faire redécouvrir le chemin des Romieux, le futur GR 78, la voie du Piémont-Pyrénéen, à nos contemporains. Chaque fois que c’est possible on laissa le bitume pour des chemins parallèles moins fréquentés et qui offre outre plus de sécurité, un coup d’œil bien plus agréable sur le paysage environnant.
Tout au long du parcours nous avons découvert des trace de ce passé lointain, ici une croix (de la ½ lieue), là l’ancien pont romain (dit des Castans), ailleurs une borne (dite des trois seigneurs)… ces endroits n’attendent plus que de nouveaux marcheurs pour se rendre à Saint Jacques de Compostelle (ou à Rome), comme c’était le cas dans les siècles passés.
Pierre Cabrol de Fédération Française de la Randonnée, à procédé au relevé du trajet emprunté à l’aide d’un GPS topographique pour le compte du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre 34. Il était accompagné de Daniel Lopez. Ce travail permettant d’avoir une connaissance précise du tracé en vue de la procédure d’agrément en tant que GR. La marche s’est terminée bois de Bourbaki situé sur la commune de Béziers.
Retour à la page précédente (photos)
Récit du bois de Bourbaki au Pont Vieux à Béziers
Pour ce tronçon, rendez-vous avait été donné au bois de Bourbaki. C’est Michel Theron de la Fédération Française de la Randonnée, Vice-Président du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Hérault, en charge de l’antenne de Béziers, qui accompagna le groupe. Par rapport au chemin emprunté, au départ du bois de Bourbaki, Michel Theron indique qu’un autre passage est possible et cela fera l’objet d’une réflexion avant d’arrêter le tracé définitif.
Traversée de la ville de Béziers : Nous avons débouché dans la Zone de la Giniesse, avant de nous diriger vers les ronds-points celui ou ont été mis des silhouettes de chars Romains (la pastorale du chemin suggèrera de l’appeler le rond-point du chemin des Romieux) et Vincent Badie, avant de remonter l’avenue de la voie Domitienne.
Joseph Bremond, architecte et passionné d’histoire, nous avait fait le plaisir d’être des nôtres. Tout au long du parcours il donna quelques informations relatives au passé, révélé à l’occasion de fouilles : au carrefour « romain » un établissement néolithique, époque de l’âge du fer, poteries étrusques et pré-romaine, la via Domitius, à Bailheron, la statue d’un hercule, au niveau de « Auchan » un autel et une inscription funéraire « Quintus Lutatus Narcitius », au carrefour des maréchaux des traces de l’âge du fer, du romain et du médiéval.
Près des nouvelles arènes il signale qu’une tombe romaine a été trouvée en 1940, contenant des monnaies, des perles de verre et de bronze, un vase lacrimal, une pendeloque « prophylactique ». Rue Renan la sépulture d’Aucta affranchie de Publius, aux allées Paul Riquet / Saint Saëns des tombes du VIIème s. av JC. Ainsi chacun a pu se faire une idée de l’histoire très ancienne de Béziers.
Notons que depuis l’entrée de Béziers, jusqu’aux allées, de bons trottoirs, rendent ce parcours praticable. Seuls les passages pour piétons nécessitent de faire preuve de vigilance. Au niveau de la statue de Pierre-Paul Riquet, le groupe a tourné son regard vers l’avenue Saint Saëns, Claparède et au-delà voyant bien que le chemin allait d’Est en Ouest. La pause sur la place Jean Jaurès (anciennement la citadelle), située au cœur de la ville, fut la bienvenue pour le repas.
Visite guidée des anciennes arènes de Béziers par Jacques Nougaret. Il rapporte que des travaux effectués au XVIIème s. avaient permis de trouver les fondations. Il indique que c’est à partir de 1990 que le site a commencé à être déblayé de manière systématique. Il a fallu pour cela que la mairie achète et démolisse des maisons qui le recouvraient. La mise à jour complète n’est pas encore terminée mais on a déjà une vue d’ensemble significative. Les arènes ont été utilisées jusqu’à la fin du IIIème s. puis abandonnées. Elles ont alors servi de carrière pour l’édification des remparts ou des maisons particulières qui ont été bâties sur leur emplacement, de même certains blocs de pierre auraient été utilisés pour la construction de l’abside de l’église Saint Jacques.
La construction des anciennes arènes de Béziers, vers l’An 80 de notre ère, sous l’Empereur Flavien, est contemporaine de celle du Colisée de Rome. C’était un édifice important : 108,30 m de long sur 86,60 de large. Il pouvait accueillir 13000 spectateurs.
Puis visite guidée de l’église Saint Jacques par Joseph Bremond : la première église Saint-Jacques fut probablement construite au début du Xème s., cependant, la date de sa fondation demeure incertaine et des documents affirment qu’elle fut fondée par Charlemagne. Elle est l’une des anciennes églises de Béziers. Sachant que Saint-Jacques fut, grâce à son abbaye, une étape pour les jacquets, pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui s’arrêtaient à Béziers, comme l’indique le panneau apposé sur le mur de l’extérieur. Il évoque les grandes étapes de la construction de l’église carolingienne et les traces trouvées dans le chœur. Partant du chœur roman et travées d’avant chœur pour les chanoines, fait remarquer le listel engravé de pierre basalte noir autour de deux fenêtres hautes dans la nef romane fin XIIème s., les détails sur les modifications du XIIIème s. (arcs diaphragmes et couverture charpentée) et les ouvertures des chapelles gothiques XVème s. et les transformations « classiques » au XVIIIème s, et enfin sur l’agrandissement au XIXème s. des deux dernières travées. Au niveau de l’abside des pierres des arènes romaines sont visibles. A l’extérieur depuis le promontoire un vaste paysage s’offre aux visiteurs.
Avant de descendre la rue Canterelle, Jo Bremond fit un petit commentaire devant la statue de Saint Aphrodise nichée à l’angle d’une maison. Rappelant la légende, le premier Evêque supposé de Béziers porte sa tête, couronnée d’une mitre, dans ses mains. Venu d’Egypte avec son chameau, l’animal totémique de la ville, Saint Aphrodise s’est arrêté ici pour évangéliser la région.
Le moment de se rendre au pont médiéval (pont vieux) le seul qui permettait à l’époque le franchissement de l’Orb. De nombreuses personnes, pèlerins, marcheurs, Biterrois et Biterroises qui avaient tenus à vivre ce moment, simples curieux, étaient présents. Raymond Couderc Sénéateur-Maire, Président de la communauté des communes Béziers Méditerranée, dans une ambiance bon enfant, à posa la première coquille symbolique sur le parapet du pont vieux afin marquer l’intérêt de tous pour le projet de la renaissance du chemin des Romieux, le Père Luc Jourdan, archiprêtre de la cathédrale de Béziers apposa un panonceau indiquant la signification de cet évènement et de Jean-Michel Du Plaa, Conseiller Général, Vice-Président du Conseil Général de l’Hérault, coupa le ruban qui barrait le passage du pont, avant que les gens présents le traversent en reprenant Ultreia, le chant des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
A noter que le nouveau maire de Béziers, Robert , a fait aménager et équiper un gîte, d’une capacité de six places, qui fut inauguré le 18 juin 2016.
Retour à la page précédente (photos)
Récit des écluses de Fonseranes Béziers au tunnel du Malpas
Nous aurions dû reprendre le chemin depuis l’ancien pont romain (le pont vieux), mais du fait de l’urbanisation actuelle, conjuguée à la nécessité d’un cheminement piéton sécurisé par le passage sur la risberme le long des berges de l’Orb, pour relier plus facilement les le canal du midi nous avons rallié cette option. Le chemin des Romieux qui se confond avec la voie Domitia à cet endroit se situe à proximité des écluses de Fonseranes le tracé consistant donc à passer par les écluses et à longer le canal du midi en direction de Capestang.
Avant de se mettre en marche,Joseph Bremond, passionné d’histoire et de l’art, a donné des informations sur le canal du midi et ses neuf écluses, conçus et créés par Pierre-Paul Riquet, né le 29 juin 1609 à Béziers, et un peu plus loin la visite de l’église de Colombiers.
Comme on peut l’imaginer aux portes de Béziers, au XVIIème s, lors de la construction du canal du midi se posa un sérieux problème que les Ecluses de Fonseranes allaient résoudre. Comment franchir le dénivelé d’environ 21,50 mètres et rattraper ainsi le niveau de la plaine. Pierre-Paul Riquet, l’inventeur du canal le solutionna en créant une série de 9 écluses accolées les unes aux autres sur plus de 300 mètres de long. Parfaitement ovales, sur 6 mètres de large et 30 de long, elles composent un ouvrage remarquable. La perspective que l’on a depuis le point le plus bas de cet ensemble découvre un véritable escalier d’eau.
Des travaux ont modernisé depuis l’installation, aujourd’hui 7 écluses sont toujours en fonction. A l’époque il ne suffisait pas d’arriver jusqu’à la mer, il fallait atteindre Sète, où un port « moderne » a dû être construit. A partir de là, il devenait facile d’arriver jusqu’au Rhône, par d’autres canaux. Riquet ne voulait pas que le canal traverse l’Aude, comme le préconisait le chevalier de Clerville ; cela aurait entraîné de trop nombreuses difficultés de navigation. La solution choisie consistait à réaliser un très long bief (54 km sans écluse), le percement d’un tunnel sous la montagne d’Ensérune.
Après avoir marché environ 6 kilomètres, lors de notre passage près de Colombiers la visite de l’église s’imposait. Luc Baby, paroissien, nous y attendait et avec Joseph Bremond ils nous donnèrent des explications sur ce très beau lieu. D’abord église wisigothique (Vème – 8ème s), elle fut remaniée aux 12ème et 19ème s, puis restaurée en 1986. Nous avons pu voir l’autel wisigothique, monument classé, situé à l’intérieur de l’église Saint-Sylvestre qui renferme un superbe fond baptismal du XIème s, placé juste en face de l’autel wisigothique. Un sarcophage du VIème s tiré de fouilles lors de la restauration du chœur, témoigne de la présence d’une ancienne église primitive appelée Sainte-Colombe de Colombiers. Colombiers aurait des origines très lointaines si l’on en juge par les vestiges trouvés sur la commune, habitats protohistoriques, villas gallo-romaines …
Après la pause du pique-nique nous avons repris la direction du canal pour rejoindre le tunnel du Malpas situé à environ 3 kilomètres. Ce tunnel a été percé sur une longueur de 170 mètres, dans des grès sableux, avec un risque permanent d’effondrement, dans l’hiver 1679-1680. Ce sera le dernier grand chantier mené par Riquet. En effet, il mourra quelques mois plus tard, le 1er octobre 1680. Ce tunnel est le premier qui ait été réalisé pour un canal ! La voûte de Vauban sera percée pour la Rigole de la Montagne après la mort de Riquet. Comme l’expliqua Joseph Bremond, outre le canal du midi, d’autres prouesses ont été réalisées. Sous le tunnel de Malpas se trouvent deux autres tunnels dont les tracés se croisent (à des niveaux différents), une galerie datant du XIIIème s qui a été percée pour permettre le drainage de l’étang de Montady et un tunnel ferroviaire creusé au XIXème s pour laisser passage à la ligne de chemin de fer Béziers-Narbonne.
Depuis les hauteurs, nous avons pu voir l’étang asséché de Montady, étonnant, presque déconcertant par le camaïeu de parcelles d’agriculture en roue de charrette (vélo …) et dont les couleurs à certaines saisons sont splendides.
Le groupe de marcheurs a été accueillie à la Maison du Malpas, et dans ce cadre convivial fut visionné un film sur la construction du canal et l’environnement comme l’Oppidum d’Ensérune, qui clôtura cette quatrième marche. Le site de l’oppidum d’Ensérune, vieux de 26 siècles, est un livre ouvert sur les différentes populations qui l’ont habité. Un musée a été aménagé à l’italienne et permet d’admirer de très nombreux vestiges archéologiques. Chaque élément est fortement détaillé sur des panneaux, de plus est exposée une collection impressionnante d’objets d’époques.
Retour à la page précédente (photos)
Récit du tunnel du Malpas à Capestang, en passant par Poilhes
Nous sommes partis du tunnel du Malpas, passant entre l’oppidum d’Ensérune et l’étang, asséché en 1247, de Montady. Depuis les hauteurs on pouvait distinguer un paysage en forme d’étoile ou de soleil, formé par les champs et les vignes qui occupent l’espace de l’étang asséché. Grâce à des canaux de drainage, l’eau est conduite vers un collecteur central, ce qui explique la disposition en étoile des champs. L’eau est ensuite évacuée par un fossé à contre pente vers l’étang de Capestang et par une galerie sous la colline d’Ensérune et sous le tunnel de Malpas.
Nous avons rejoint le plateau dans le prolongement d’Ensérune, à l’ouest, en bénéficiant d’un magnifique panorama sur tous les massifs montagneux des Pyrénées à la montagne Noire et au Caroux. Passant à proximité d’une ancienne chapelle wisigothique, sur le lieu-dit Saint Félix, le groupe est descendu vers Poilhes, retrouvant tout au long du parcours des vestiges de pierres taillées qui ressemblent fort à des vestiges romains.
Poilhes, où l’on peut voir les restes d’un orme planté sous Sully. L’orme est un arbre qui jouit d’une grande longévité et qui offre du bois solide ; celui-ci servait comme principale matière utilisée dans la construction des bateaux et pour l’artillerie. Poilhes est aussi un village où les archéologues ont découverts de nombreux vestiges antiques du fait de sa proximité avec Ensérune et son célèbre Oppidum, et en raison de la présence les Romains, conquérant le sud de la Gaule, qui tracèrent la fameuse route dite Via Domitia.
Ces éléments font de Poilhes la Romaine, un village bimillénaire. Depuis ce village nous avons longé le canal du midi. C’est abrité du vent par la butte que chacun se restaura et après une pause bien méritée, nous avons rejoint Capestang, apercevant de loin sa collégiale imposante qui se dresse, massive, imposante, dans le paysage pratiquement plat.
Capestang tient son nom du latin « caput stagni », soit « tête de l’étang », en raison de sa situation à la pointe nord d’un ancien étang, aujourd’hui asséché mais toujours dénommé étang de Capestang.
Dans l’après-midi Anne Marie Durand et Philippe Barthes, membres de l’association Amis de la Collégiale Saint Etienne, firent visiter ce prestigieux édifice. Eglise gothique composite, l’architecte serait le même que celui qui a réalisé la cathédrale Saint Just de Narbonne. Toutes les deux sont d’une facture gothique méridionale. Pour comprendre le sens du mot « collégiale », il faut savoir que contrairement à une église paroissiale elle était gérée collectivement par une communauté religieuse, appelée chapitre. En fait la collégiale de Capestang est devenue par la suite église paroissiale.
La collégiale Saint Etienne date des (XIIIème – XVème s). L’abside est voûtée sur croisées d’ogives. Les nervures à la voûte se rejoignent en formant 7 pans rayonnants. A la clé est sculpté St Etienne tenant un livre ouvert. Sur l’avant de la clé on trouve les armoiries de Capestang : l’aigle et le lion. On retrouve ces armoiries à l’intrados de l’arc triomphal. Le mur soutenu par cet arc est percé d’une rosace à huit rayons ajourés avec au centre les armoiries de la ville et sa devise : « Audaces Fortuna Juvat ». Remarquons la grande luminosité qui pénètre dans l’église par les magnifiques fenêtres à meneaux de l’abside. Le vitrail de la fenêtre de droite représente quatre personnages de l’Ancien Testament : David, Moïse, Isaïe et Jérémie. A gauche, les quatre évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Au centre, on voit, en haut, le Christ remettant les clés à St Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Au bas de ce vitrail central sont représentés St Etienne, patron de la Collégiale, et St Paul, qui fut témoin de son martyr. Tous ces vitraux datent de 1868. Depuis cette date, ils ont été réparés plusieurs fois.
Admirons encore dans l’abside l’autel en marbre polychrome et la Sainte Table également en marbre. L’élancement de ces voûtes est remarquable : 26 m 70 sous clé. Chaque travée est prolongée par deux chapelles latérales. Cette partie de l’édifice qui semble être la nef, n’était dans le plan initial que le chœur de l’église. Il était prévu la construction d’une bâtisse immense : les deux travées couvertes de charpentes sont l’amorce du transept jamais construit. On peut voir de l’extérieur les pierres d’attente des trois nefs prévues à l’origine. L’inachèvement des travaux pourrait avoir pour cause les difficultés que connut la région à cette époque (peste noire, guerre de Cent ans, etc.). En parcourant les chapelles de la Collégiale, nous remarquons en haut à droite une magnifique statue de Saint Roch en bois doré. On remarque au fond de l’église un mur roman percé d’une fenêtre. C’est le mur restant d’une église du 11ème siècle dédiée à St Félix, église qui avait été construite sur les ruines d’une première église carolingienne, dont on a retrouvé des vestiges sous l’autel majeur de la Collégiale.
A l’extérieur, on peut admirer la tour-clocher dont le sommet atteint 43 m. Sur le campanile, la cloche qui sonne les heures date de 1559. Au moment du début de la construction de la collégiale, comme son nom l’indique, Capestang est entouré d’un étang. On y exploite des salines. Il y a également des pêcheurs professionnels. On cultive aussi des céréales, un peu la vigne et on fabrique des draps. Des malheurs vont s’abattre sur la région : les crues de l’Aude, la peste noire, la guerre de Cent Ans (le Prince Noir met le siège devant la ville)… Curieusement c’est l’accroissement de la population qui crée des difficultés financières. Celles-ci, ainsi que des problèmes techniques, vont arrêter les travaux et la collégiale de Capestang, comme la cathédrale de Narbonne ne sera jamais achevée. Les habitants de Capestang étaient riches car ils faisaient le commerce du sel, et ils ont voulu bâtir une grosse église mais la lagune s’est asséchée…plus de sel et plus de collégiale : elle est inachevée. Capestang avait un hôpital, une commanderie templière et possède encore un lieu-dit appelé « St Jacques ».
La rencontre s’est terminée par la visite de l’ancien château de Capestang, bâti au XIVème s, le Château de Capestang qui a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 29 septembre 1995, fut la propriété des Archevêques de Narbonne. D’illustres évènements s’y déroulèrent, notamment les Etats Généraux du Languedoc, et permirent au Château de recevoir entre autres Gaston Phoebus, François Ier et Louis XIV. Son plafond médiéval d’une qualité exceptionnelle (XVème s), composé à l’origine de 161 panneaux décoratifs, est d’un grand intérêt historique. Nous avons pu admirer sa cour, ses façades et ses fenêtres gothiques.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Capestang à Quarante
Ce chemin millénaire liait autrefois l’Italie et l’Est de l’Europe à Saint Jacques de Compostelle en Espagne. Il abordait le Biterrois puis le Minervois par ce qui est devenu aujourd’hui la route minervoise.
Depuis Capestang, la marche débuta à proximité du pont qui enjambe le canal du midi pour prendre un chemin à gauche du cimetière, en passant par le chemin de « néga feda » ( noie brebis ) pour arriver sur le lieu-dit « La Bade » (possession de l’ancienne abbaye de quarante ). Celui-ci nous conduisit jusqu’au domaine de Saliès où nous trouvons la chapelle Saint Barthélémy de style roman.
Joseph Bremond, architecte et historien, expliqua la symbolique de l’entrée de l’édifice, qui est le lieu de passage entre le profane et le sacré. La forme rectangulaire des portes d’entrée surmontées d’un demi-cercle rappelle symboliquement le lien entre le ciel et la terre. La porte nous fait entrer dans la maison de Dieu, un lieu où nous sommes attendus et accueillis, un lieu de prière… Elle nous fait aussi sortir de l’église, elle nous permet de retourner dans notre quotidien, notre vie. Je rentre si je le veux et je sors quand je le souhaite, la porte est ouverte… Nous sommes libres d’entrer ou de sortir ! Dieu nous a créé libres. La porte exprime cette liberté. Lorsque nous franchissons cette porte, nous passons le seuil, nous acceptons l’invitation que Dieu nous donne de le rencontrer. Cette chapelle semble avoir été destinée au château, mais n’avait-elle pas aussi une autre destination, celle d’un hôpital par exemple ? Edifiée en bordure d’un chemin de grand passage, sa première destination n’était-elle pas de recevoir aussi ceux qui passaient par ce chemin pour y trouver soins et réconfort ?
Le groupe de marcheurs fut accueilli par Xavier Gombert, propriétaire de ce très beau domaine de Saliès. A quelques centaines de mètres en repartant vers Quarante c’est une croix en pierre tendre que nous trouvons sur le chemin : elle est entourée d’une ortie géante. Nous rejoignîmes l’abbatiale de Quarante par des chemins, hélas de plus en plus goudronnés, mais dotés de croix anciennes.
La puissance de Quarante et de son abbaye a rayonné sur une partie importante du Minervois voisin. Son église abbatiale Sainte Marie, est un joyau de l’art roman. C’est à la fin du 10ème s qu’une communauté de chanoines commence à desservir l’église Sainte-Marie de Quarante, qui, peu de temps après, devient abbaye. L’église est reconstruite et l’archevêque Ermengaud procède à sa dédicace en 982. Au début du 11ème s, l’église est agrandie et en partie reconstruite : elle sera consacrée en 1053. Pas étonnant que ce lieu de « Quadraginta » fut celui des premiers chrétiens, qui sous l’impulsion des vicomtes de Narbonne, soit devenu celui d’une abbaye d’hommes, sous la règle de Saint Augustin vénérant, comme les pèlerins depuis des siècles, Saint-Jean Baptiste, patron de cette localité. Celui-ci sous la forme d’un buste reliquaire d’argent, exécuté par J. Morel en 1443, est exposé dans son trésor aux pèlerins et touristes depuis 1448. C’est dire si le village de Quarante constitue une « étape » pour les marcheurs.
Retour à la page précédente (photos)
***
Récit de Cruzy à Bize-Minervois
Arrivée à Quarante, c’est de Cruzy que nous sommes repartis. Joseph Bremond, architecte médiéval, fit une visite commentée de l’église fortifiée Sainte Eulalie de Mérida de Cruzy qui doit son nom à la jeune chrétienne de treize ans persécutée par Calpurnius gouverneur de la région à l’époque de Dioclétien. Elle refusa de sacrifier aux idoles et fut martyrisée par de minutieux et cruels châtiments.
La chapelle Sainte Eulalie de Cruzy est citée pour la première fois lors du concile d’Attilian en 902. L’église actuelle construite au XIIème s sur la chapelle primitive avec trois nefs en plein cintre, puis agrandie et élevée à 20 m, en style gothique du XIIIème s, au XVème s où elle est fortifiée avec mâchicoulis, tourelles crénelées et meurtrières.
Au XVIème s trois chapelles sont construites entre les contreforts Sud et sous les mâchicoulis devenus inutiles. Le vitrail du martyre de sainte Eulalie est constitué de dix panneaux répartis sur les deux lancettes de la verrière centrale, entre deux grandes figures de saints insérés au XIXème s.
A la sortie du village, sur une maison à gauche à l’intérieur, une coquille Saint-Jacques laisse penser qu’elle était sur le chemin de saint jacques de Compostelle ou une halte pour les pèlerins au XV, XVIème s ?
Le groupe de marcheurs s’est dirigé vers la chapelle de Sainte-Foi, que l’on atteint par une petite route menant à Villespassans qui emprunte deux défilés creusés par la rivière Nazoure (défilé de Sainte-Foy, puis plus loin défilé de Marie-Close). Après la source de Cruzy et les rochers de Marie-Coquette s’ouvre un cirque géologique où l’on aperçoit la chapelle sur son promontoire.
Jo Bremond nous a livré l’histoire du site de Sainte Foi, édifice situé à deux kilomètres à l’Ouest de Cruzy, serait d’origine wisigothique, il ne subsiste actuellement plus que le chœur, car la nef a été détruite. D’après les recherches de l’abbé Giry elle date du V – VIème s. Cette chapelle est attenante à un habitat gallo-romain plus ancien dont il ne reste que des tessons de poteries et quelques bouts de dolia qui jonchent le sol. Mais des murs du XIème s sont visibles (sous les broussailles). A proximité, il se trouve encore des poteries grises monochrome. On y trouve aussi à l’intérieur une coquille Saint-Jacques datée du XVIème s. Sur la gauche, la serre Pascale domine avec un oppidum et cinq dolmens disséminés. L’oppidum n’a pas fait l’objet de recherche, mais quelques tessons s’apparentent du premier et du second âge du fer.
Le groupe s’est surpassé puisqu’il a atteint « le bout du monde », lieu-dit aux confins de Cruzy et de Villespassans. Nous avons enfin rejoint Bize par une fin d’après-midi où même si le soleil a pointé son nez, il n’a pas empêché les étoiles de briller dans les yeux des participants.
Bize, accueillait déjà confortablement l’homme il y a 40 000 ans dans des grottes spacieuses arrosées par une rivière, la Douze, dont l’eau remonte tiède des profondeurs de la terre. Le colonisateur romain, qui fit de la Narbonnaise la Province la plus importante de Rome au deuxième siècle avant notre ère, installa des domaines agricoles à l’endroit où la vallée de la Cesse s’élargit, à deux kilomètres environ en aval des grottes. La matrice du village actuel est le castrum fortifié au XIIème s, église au centre et habitations blotties autour derrière des murailles défensives, car même les maisons devaient se serrer les coudes dans ces périodes troublées, et un fossé alimenté par la Cesse, la rivière locale.
En 1673 l’archevêque de Narbonne, dont la fonction comportait la seigneurie de Bize, était le cardinal de Bonzi, d’origine milanaise. Son blason a été choisi parmi d’autres, après bien des polémiques, pour être celui de Bize, au XIXème s. Le visiteur peut maintenant en juger car les armes de Bize sont inscrites dans la pierre, sur la porte Saint Michel, point de passage obligé pour l’accès au cœur du village.
Non seulement ce chemin présente un attrait touristique et économique mais il permet aussi de belles rencontres, ainsi que l’échange et le partage autour de notre patrimoine culturel commun, ce dont se félicite la Pastorale du Tourisme et du Chemin de Compostelle.
Retour à la page précédente (photos)
Récit de Bize-Minervois à Azille, en passant par Beaufort
Départ de Bize-Minervois vers le hameau de Prade Mari sur la commune d’Aigne. Une fois encore les marcheurs étaient invités à découvrir le chemin de l’ouest héraultais avec des incursions dans l’Aude, pour rejoindre, en deux jours en passant par Homps, Azille…
Avant le départ un café-croissant fut offert chaleureusement par la municipalité de Bize-Minervois représentée par les élus. Mr Alain, Fabre, Maire indiqua que Bize fut un haut-lieu de la préhistoire naissante. C’est en effet dans les grottes de Las Fonts (ou du Moulin), en amont du village, que furent découverts en 1827, les plus anciens restes humains connus à l’époque. Une miche de pain, façonnée en forme de coquille, fut offerte aux pèlerins, symbolisant le travail de l’homme et le partage.
Bernard et Joseph Bremond, grands connaisseurs du patrimoine religieux, furent nos guides.
L’église Saint-Michel XVIIIème s, son austérité extérieure tranche avec la magnificence intérieure décorée de marbres polychromes.
Le groupe s’est mis en marche, après une montée dans les pins, pour atteindre la tour de Boussecos. Cette ruine médiévale « éblouit » par l’audace de sa construction sur un promontoire étroit. Sur les hauteurs un panorama permet d’admirer un beau paysage avec vue remarquable sur la vallée de la Cesse. Le tènement était autrefois appelé Saint. Puis nous avons pris la direction d’un dolmen à couloir, appelé »Boun marcou », dont la couverture effondrée était constituée de dalles de calcaire et de grès. Ce monument de plus de 4.000 ans, orienté Est-Ouest mesurant 5 mètres de long, servait de sépulture collective.
Puis un sentier agrémenté de capitelles nous a permis de dominer le village de Mailhac,
Signalons que se trouve dans ce village un lieu fréquenté autrefois par les pèlerins du Moyen Âge, les Romieux, qui entreprenaient un saint voyage vers Rome ou Saint Jacques de Compostelle. En effet, une chapelle dite « Notre Dame de la Roumégouse » était située dans une rue au croisement avec l’actuelle impasse Notre-Dame et constituait une étape pour les pèlerins. Des pierres tombales témoignent de ce lieu de culte vivant jusqu’au XVIème s.
En passant devant le Domaine des Tuileries, il ne nous restait que trois km pour arriver au Domaine La Prade-Mari et y faire étape pour la soirée et la nuit, afin de pouvoir vivre deux jours consécutifs et faire l’expérience des pèlerins.
M. Maldonado et M. Puech, Maire et Adjoint au Maire de Beaufort, sont venus saluer les pèlerins et leur ont offert le verre de bienvenue. Après un bon repas, et une courte veillée, les marcheurs ont goûté à une nuit réparatrice dans les gîtes ouverts aux pèlerins d’un soir par Eric et Clémentine Mari. Comme nous l’avons constaté, non seulement ce chemin présente un attrait touristique et économique mais il permet aussi de belles rencontres, ainsi que l’échange et le partage autour de notre patrimoine culturel commun, ce dont se félicite les Pastorales du Tourisme et du chemin de Compostelle.
Le lendemain c’est sous un beau soleil mais par une température frisquette que les « pèlerins d’un jour» ont quitté le gîte de La Prade Mari situé au hameau de Prade sur la commune d’Aigne dans l’ouest héraultais.
Comme la veille, tout au long de la journée les marcheurs se sont retrouvés tantôt dans l’Hérault tantôt dans l’Aude, pour rejoindre Azille, le chemin continuant vers Carcassonne. Départ vers Beaufort, voie de passage et d’échanges commerciaux entre le Haut-Languedoc et la plaine Minervoise, on relève sur ce site des traces d’occupation humaine très anciennes, révélés par des vestiges néolithiques, de l’âge de bronze (oppidum) de l’occupation romaine. Les lieux de culte étaient nombreux, comme la chapelle Sainte-Madeleine d’Artix. Plus loin, le site de Saint Côme. En 1973, des fouilles avaient été entreprises ici, qui aboutirent à la mise à jour des murs d’une chapelle préromane de 15m sur 6, de tradition wisigothique, à chœur carré, faisant parti d’un village il y a au moins treize siècles. Depuis, plus rien, la végétation sauvage ayant recouvert le site.
En mai 2012, à l’initiative de la municipalité de Beaufort, qui a fait l’acquisition de la parcelle, des travaux de débroussaillage ont été entrepris et ont permis de rendre visibles les bases. Le Maire et l’équipe municipale ont fait le pari que le site sera à nouveau fréquenté car il se trouve à la croisée de plusieurs sentiers de randonnées et du chemin des Romieux. Cette chapelle a servi de lieu de culte et de repos pour les pèlerins.
Un chemin antique jalonné de murettes nous conduisit à Beaufort, agréable village chargé d’histoire en témoigne son château des 12ème et 18ème s. mentionné au XIIème s dans un acte daté du 27 avril 1135 entre le vicomte de Minerve et l’église Saint-Martin.
L’église actuelle ne correspond pas à l’église primitive car celle-ci, étant édifiée en dehors des remparts, fut soumise aux invasions, pillages et incendies. Architecture d’imitation romane, nef unique à deux travées, prolongée par une abside semi-circulaire. L’entrée du cœur est marquée par deux colonnes de marbre rouge de Caunes Minervois, antérieures à 1895.
Puis en marche pour Olonzac, en changeant de département. Après un arrêt dans le parc municipal, pour se restaurer et reprendre quelques forces, les pèlerins ont pris la direction du canal du midi que nous longeons pour arriver à l’entrée du village d’Homps. (A partir de l’achèvement de la construction du canal du Midi en 1681 Homps connu un essor économique considérable).
Ce charmant village recèle des monuments chargés d’histoire comme la Commanderie de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l’église paroissiale construite vers 1880 et son ancienne chapelle romane Saint-Michel du 11ème siècle (Chapelle à une nef simple à deux travées est accolée à une abside semi-circulaire, selon le schéma symbolique de l’association de la Terre et du Ciel. La voûte en quart de sphère du chœur est très particulière avec une partie en arc, comme une « tranche de melon »…).
A souligner qu’Homps … est sur le document écrit au 14ème s. début du 15ème s., détenu à la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, (voir en début de ce document). Mme Alran, Maire du village, a reçu les marcheurs dans cette chapelle qui a renoué avec sa fonction originelle puisqu’elle constituait un lieu hospitalier tenu par l’ordre de Malte (des documents du XIVème s en témoignent). En fin de journée les pèlerins ont enfin atteint Azille en contournant le lac de Jouarres. L’église Saint-Julien et Saint-Basilisse, chef d’œuvre du gothique méridional leur a été ouverte. L’église date du XIVème s, elle est classée monument historique. C’est un remarquable exemple de gothique méridional avec nef unique large, à trois travées croisées d’ogives, et vaste abside à pans, clocher tour de 36 m. Elle renferme plusieurs objets remarquables: une chapelle de la confrérie de Saint Jacques avec des statues du Saint, bourdon à la louange de Saint Jacques, et reliquaires en bois doré. Cette chapelle servait de siège pour la confrérie des pèlerins. Azille fut un temps un lieu de départ de pèlerinage vers Compostelle.
Ces pèlerins d’un jour, dont le nombre ira grandissant par le succès de ce nouvel itinéraire, nous incitent à préserver nos paysages mais aussi à réhabiliter les traces encore visibles des cheminements anciens et de leur Histoire. Ce chemin dispose d’un patrimoine religieux exceptionnel, ce dont se félicite la Pastorale du chemin de Compostelle. Toutes les chapelles qui jalonnent ce tronçon, comme celle de Sainte-Madeleine d’Artix, Saint-Côme à Beaufort, ou Saint-Michel à Homps donnent tout son sens à ce chemin retrouvé. Notre souhait est de le voir réemprunté par les pèlerins contemporains. Nous comptons sur l’engagement de tous, élus, Conseil Départemenal, Fédération Française de Randonnée Pédestre, amis du chemin de Compostelle, de Webcompostela et les passionnés de ce patrimoine, pour y parvenir sur tout le trajet en particulier entre Montpellier et Carcassonne. Merci à tous les bénévoles qui assurent l’accueil tout le long du chemin.
Retour à la page précédente (photos)