coprésentée par Giulia Ciucci et Julie Lescure du Service Archéologique Municipal de Béziers
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L’histoire de Béziers durant l’antiquité est découpée en trois phases chronologiques, que l’on nomme :
- Béziers I ou Béziers Grecque, qui débute avec la création de la ville, jusqu’au IIIème siècle avant J.-C. (communication d’Elian Gomez, au mercredi de St. Jacques 2021)
- Béziers II ou Béziers « Gauloise », pour les IIème et Ier siècles avant J.-C. La ville se reconstruit après un siècle d’abandon, sur les ruines de Béziers I. L’économie est florissante, notamment grâce à l’artisanat du métal et de la céramique.
- Béziers III ou Béziers romaine qui s’étend de la création de la colonie romaine jusqu’à l’antiquité tardive. La ville est bien urbanisée, on y retrouve de belles demeures ainsi que nombre d’ateliers d’artisans. La campagne proche est densément occupée puisque plus de 400 points d’occupation entre le milieu du Ier av. et le IIème siècle de notre ère, ont pu être repérés.
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Les informations dont nous disposons sur la ville romaine de Béziers ne sont pas nombreuses et dans la majorité de cas, elles ne sont pas très parlantes. Grace aux sources épigraphiques et littéraires nous pouvons reconstituer le nom de la colonie : C(olonia) V(rbs) I(ulia) B(aeterrae).
Cette ville de droit romain possédait une parure monumentale très riche : les fouilles de 2013 ont mis au jour un théâtre antique qui se situe à place des Chaudronniers. La structure est adossée contre la colline, en exploitant la pente naturelle du terrain pour l’emplacement des gradins. Le mobilier sorti de la fouille permet de dater ce bâtiment aux premières décennies du Ier siècle après J.-C.
Plus au sud, posé sur la colline Saint Jacques nous retrouvons l’amphithéâtre, seul vestige romaine aujourd’hui encore visible à Béziers. L’amphithéâtre pouvait contenir jusqu’à 14000 spectateurs et sa construction est datée vers la fin du Ier siècle après J.-C.
La ville de Béziers possédait également un forum comme l’ont montré les vestiges retrouvés en 1985-1986 dans la zone des Halles actuels. Ce forum été orné avec des statues représentants la famille impériale : particulièrement célèbres sont les portraits de Béziers, retrouvés en 1844 dans le sous-sol de la maison Gasc (près des Halles) et aujourd’hui conservés au Musée Saint Raymond de Toulouse.
De même, les sources écrites antiques dépeignent Béziers comme une ville très riche.
L’archéologie illustre les propos de ces auteurs antiques, qu’il s’agisse de l’archéologie préventive, menée au quotidien par le service archéologique de la ville, mais aussi grâce aux nouveaux regards que nous pouvons apporter aux fouilles anciennes.
Les fouilles et les diagnostics du centre-ville, et en particulier celles de la Place de la Madeleine, ont permis d’observer que les maisons sont richement décorées, avec de peintures murales, de mosaïques ou encore de dallages de marbre. L’eau arrive dans les maisons sous pression par des canalisations en plomb, et les eaux usées sont évacuées par un réseau complexe d’égouts.
Hors de la ville, dans un contexte extra-urbain, les villae luxueuses prolifèrent : c’est le cas de la villa de Notre Dame de Consolation, au sud de Béziers.
En 1970, lors de la construction de l’autoroute A9, Gilbert Fédière fut chargé par le SRA de procéder à la fouille de sauvetage de la villa. Il consigna méticuleusement dans ses cahiers les découvertes quotidiennes et fit un relevé précis des structures mises au jour. Des nombreux fragments de céramique sigillée sud gauloise et une quantité importante de fragments d’enduits peints caractérisent ce site. Le décor des peintures murales et des céramiques renvoie à une richesse remarquable de cette villa.
Une riche domus a été identifiée lors de la fouille de la place de la Madeleine, en centre-ville.
Elle s’est déroulée de février à novembre 1985. Les fouilles ont permis de mettre au jour un secteur bien urbanisé à la chronologie chargée. Une longue rue, vraisemblablement un axe de circulation important de la ville, a été découverte. Cette rue était bordée de riches maisons, d’ateliers et de magasins. Ces maisons et leurs riches décorations seront détruites à la fin du IIème et au début du IIIème siècle de notre ère. Les matériaux issus de cette destruction seront alors utilisés pour niveler la rue. C’est dans ce contexte, dans les niveaux de remblaiement de la rue, que ces vestiges oint été découverts : fragments d’enduits peints, moulure en stuc, tesselles de mosaïque, briquettes de sol, fragment de fut de colonne…
Une partie des riches peintures murales ont été étudié et publié par Raymond Sabrié, spécialiste de la peinture romaine en Narbonnaise. Les fragments les plus significatifs sont deux panthères qui se font face, assise sur deux culots d’acanthe.
Nous ne sommes qu’au tout début de nos investigations, qui sont régulièrement alimentées par les découvertes du service archéologique de la ville, mais aussi par une nouvelle mise en perspective des fouilles anciennes au regard des connaissances scientifiques actuelles.
Nous redécouvrons Béziers et son histoire.
Giulia Ciucci et Julie Lescure