au bord des écluses de Fonseranes du canal de midi, le 26 août 2022 à l’initiative de la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs de Béziers.
Pour la partie théâtralisée : Amaury de Nervaux Loy, alias Pierre Paul Riquet, Monique Cerles, alias Catherine de Milhau.
Pour la partie musicale : Jean-Pierre Torrent, ténor, Sabine Liguori-Delmas au piano, Cécile Di Marino au violon
Déroulé de la scène :
Arrivée de Monsieur Riquet accompagné de son épouse le long du bief arrivant à l’estrade
TABLEAU 1
Amaury de Nervaux Loy, alias Pierre Paul Riquet . Nous voici au bord de notre canal, le Canal Royal celui qui relie la mer Océane à la mer Méditerranée !
Nous montons sur la scène
Je suis né à Béziers le 29 juin 1609, j’ai fait des études au collège Jésuite de Béziers. Mon père était un notaire affairiste qui faisait partie du Conseil des Trente, il s’était opposé au projet de construction du canal.
J’étais gabelou à Mirepoix c’est à dire celui qui a la charge de faire payer la taxe sur le sel, j’avais la charge d’établir les transports de sel entre les greniers du Narbonnais et la montagne Noire. Ainsi je connaissais bien cette région ! J’ai épousé Catherine de Milhau en 1637.
Monique Cerles, alias Catherine de Milhau. Nous avons eu 7 enfants dont 5 parviennent à l’age adulte 2 garçons et 3 filles.
Jean Mathias qui s’engagea auprès de mon mari dans ce projet de construction du canal, et Pierre Paul qui lui était militaire.
Mon mari s’était bien enrichi aussi nous avons acheté le Château de Bonrepos en 1652, belle forteresse Médiévale modifiée à la Renaissance près de Verfeil non loin de Toulouse.
1er Moment musical
- Sérénade de Toselli : Sabine Liguori-Delmas, piano, Cécile Di Marino au violon
- Parla più piano – Le Parrain – : Jean-Pierre Torrent, ténor, Cécile au violon
- O Sole Mio : Jean-Pierre Torrent
TABLEAU 2
Pierre Paul Riquet. Le projet du canal avait déjà fait couler beaucoup d’encre, les Romains Jules César,
Charlemagne, François 1er avaient déjà eu l’idée de faire un canal pour relier la mer Océane et la Méditerranée mais sans succès car ils ne savaient pas comment trouver assez d’eau pour l’alimenter.
Comme je vous le disais, mon activité professionnelle me permit de parcourir la montagne Noire je connaissais donc tous les petits rus et torrents qui la parcouraient. Aidé par mon ami sourcier Pierre Campmas d’une source nommée la Fontaine de Grave jaillissait une eau qui s’écoulait de part et d’autre de la montagne, le seuil de Naurouze me donnait la solution.
Catherine de Milhau. Vous m’aviez raconté, mon ami, que c’est en vous soulageant d’un besoin pressant que vous avez trouvé le chemin naturel de l’écoulement de l’eau sur les deux versants.
P.P.R. Allons ma mie, cessons de relater ainsi notre intimité…..
Une rigole d’essai fut creusée depuis l’Alzeau afin de prouver la véracité de l’ouvrage.
Il fallait persuader le Roi Louis XIV et surtout son Ministre des Finances Monsieur Colbert sans qui rien ne se faisait et qui avait toute l’oreille du roi !
Sur plan économique et politique ce canal apportait des avantages important, éviter passer par le détroit de Gibraltar ou sévissent les Barbaresques qui pillaient nos galères, sans oublier les taxes dues à l’Espagne. De plus il fallait redonner du souffle à notre économie désenclaver notre région et permettre de commercialiser nos produits ; le blé, les draps, le vin, le sel, le marbre….
Monseigneur Anglure de Bourlemont, Archevêque de Toulouse, approuva le projet et m’introduit auprès de Colbert.
Le Roi voyait, par ce moyen, une solution au paiement de la gabelle et en faisant de Pierre Paul Riquet et de sa descendance les propriétaires du canal, il se déchargeait ainsi de l’entretien du canal. La Signature de l’édit Royal fut faite en octobre 1666 la construction du canal pouvait ainsi commencer !
C.M. La première tranche des travaux entre Toulouse et Trèbes avait démarré, la rigole de la plaine, le lac de Saint-Ferréol, une réserve de 6 millions de m3 d’eau pour approvisionner le canal. Mon mari s’était entouré de personnes compétentes l’hydraulicien Monsieur de Clerville, le cartographe Monsieur Andreossy. Mais Colbert ne payait pas la part du Roi ! Le Roi avait donné à mon mari des droits d’expropriation afin de pouvoir faire passer le canal entre les terres, ce qui ne rendait pas les choses faciles, car en plus du prélèvement de la gabelle il fallait exproprier des agriculteurs et faire beaucoup de mécontents !
2ème Moment musical
- Libertango : Sabine Liguori-Delmas, piano, Cécile Di Marino au violon
- Amapola : Jean-Pierre Torrent
- Cielito Lindo : Jean-Pierre, Cécile au violon
TABLEAU 3
P.P.R. Il fallait une main d’oeuvre importante12000 hommes, femmes et enfants de plus de
16 ans pour percer le canal porter la terre avec des matériaux de misère ! L’idée me vint de payer tous les ouvriers d’un bon salaire supérieur au salaire agricole même pendant les jours de pluie ou de maladie ! (LECTURE DU PARCHEMIN)
Il fallait une organisation sans failles, notre fils militaire Pierre Paul nous a bien aidé n’est-ce pas Catherine ?
C.M. Oui, il avait organisé le travail par ordre de chantiers en effet il fallait des forgerons, des maçons il fallait rationaliser le travail ! Les ouvriers sont organisés en sections contrôlées par des Capitaines et des Brigadiers, Pierre Paul s’était entouré de Contrôleurs Généraux et d’Inspecteurs Généraux du canal. L’ordre étant en place les chantiers avancèrent de bon train. Le roi demandait beaucoup et Colbert pressait mon mari afin qu’il exécute certaines commandes pour la cour ; l’eau de Balaruc dont raffolait le Roi !
3ème Moment musical
- Oblivion : Sabine Liguori-Delmas, piano, Cécile Di Marino au violon
- Maitechu : Jean-Pierre Torrent
- Mexico : Jean-Pierre torrent
TABLEAU 4
P.P.R. La colline de Nissan les Ensérune il fallait absolument la passer car, hors de question de faire passer mon canal autre part que par Béziers ! Un ingénieur parisien avait émis l’idée que le canal devait passer vers Narbonne ! Mais c’est pure folie, il y a là des marécages, à cet endroit l’arrivée sur à la mer Méditerranée serait très délicate à cause des vents de mer violents et des puissants courants ! Je connais ma province, le canal passera par Béziers ! En 6 nuits et 7 jours ce fut fait, non sans mal, car la roche, le tuf, est si fragile qu’il y avait des éboulements qui ont entraînés la mort de plusieurs ouvriers ! Le tunnel du Malpas était réalisé. Mais quand je vis arriver le messager du Roi me porter un pli m’interdisant de creuser sous cette colline, j’avais prouvé au Roi que je l’avais fait !
Une deuxième épreuve pour descendre la colline de Fonserane il fallut réaliser un ensemble de neuf écluses pour passer un dénivelé de 25 m. Je voulais que tout le personnel qui travaille pour l’entretien et la manipulation des écluses vive dans de bonnes conditions. Je fis créer des maisons d’éclusiers entourées d’arbres fruitiers.
C.M. Le canal fut terminé après 14 années de lourds labeurs avec des privations pour notre famille, mon mari meurt en 1680 et l’inauguration du canal Royal eut lieu en 1681. Le Roi n’est pas venu, seules des personnalités importantes des états du Languedoc, nos deux fils et nos gendres qui avaient pris la charge du canal. La réception fut faite par la congrégation religieuse des Minimes et l’évêque Pierre de Bonsi.
Monsieur Vauban a été un admirateur du génie de Pierre Paul Riquet à tel point qu’il aurait aimé avoir été l’inventeur de ce canal. Par la suite il apporta beaucoup d’améliorations au canal.
4ème Moment musical
- La Lettre de la Périchole : Sabine Liguori-Delmas, piano, Cécile Di Marino au violon
- Le Joli pavillon – Veuve Joyeuse : Jean-Pierre Torrent, Cécile au piano
- Pardonne moi chère patrie : Jean-Pierre Torrent
TABLEAU 5
C.M. Madame de Sévigné appelle dans ses lettres , Monsieur Colbert de Monsieur Le Nord, en effet il était très difficile à approcher. Une peinture sur le plafond de la Galerie des Glaces de Versailles fait apparaître la réunion du Dieu de la mer Océane, Neptune et Amphitrite, Déesse de la Méditerranée en hommage au Canal Royal.
Dans les Contes de Perrault nous rencontrons le personnage de « Riquet à la Houpe » qui a été inspiré par le génie de Riquet.
De tout temps notre province fut empruntée par des pèlerins soit vers Rome, soit vers Aigues-Mortes afin d’embarquer pour la Palestine, soit vers Saint Jacques de Compostelle.
Le tracé de notre canal facilita de cheminement. Nos descendants ont améliorés notre grande Œuvre !
P.P.R. Afin de consolider les berges il fallait planter des iris dont les longues racines retenaient la terre. Nous avions planté, tout le long du canal des saules, afin de protéger par leur ombre les chemins de halage et donc de permettre aux hommes et aux ânes de tirer les bateaux à l’abri du soleil. Le canal est vivant nous y trouvons des poissons des Brèmes, des coquillages des Anodontes, des rats musqués….
Les temps ont changés les mûriers ont été plantés pour l’élevage du ver à soie, le peuplier d’Italie plus productif en bois. Toutefois il restait un important problème à résoudre, le franchissement de l’Orb ce fleuve impétueux qui nous donnait beaucoup de soucis. L’hiver il y avait trop d’eau on ne pouvait pas haler les bateaux et l’été pas assez d’eau ! Il fallait débarquer les marchandises et les faire transporter de l’autre côté du fleuve en passant par le pont vieux ! J’avais déjà construit des ponts canaux, mais Colbert ne voulait pas engager plus d’argent !
Nous partons par l’écluse du 7ème bassin afin de nous trouver le long du nouveau canal
Le canal d’aujourd’hui avec la création du pont canal, a pu résoudre ces difficultés.
Il fut construit en 4 ans inauguré en 1857. L’arrivée du train en 1856 perturba lourdement le développement de la circulation par le canal.
Puis il fut racheté par les chemins de fer !
C.M. Le comble du progrès, c’est cette machine infernale, un ascenseur à bateaux construit en 1984 qui n’a jamais fonctionné, pour des raisons techniques jamais résolues !
Par contre lui, notre Canal, est toujours là dans son écrin et il fonctionne parfaitement, comme au premier jour !
5ème moment musical
- Heure exquise : Sabine Liguori-Delmas, piano, Cécile Di Marino au violon
- Medley Canebière : Jean-Pierre Torrent, Cécile Di Marino au violon
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