Vainquons la peur par l’amour.

Que notre vie sur terre soit précieuse, voilà une évidence. Cette crise sanitaire nous a rendu conscients de ce que nous sommes capables de faire pour la préserver, même si cela implique faire des sacrifices, l’instinct de survie prime. Qu’elle ne soit pas une fin en soi, qu’elle puisse passer après un bien plus élevé encore, voilà une vérité moins évidente. Et pourtant c’est à peu près ce que les lectures d’aujourd’hui semblent nous suggérer.

D’abord à travers le récit d’un prophète qui, en temps de famine, insiste auprès d’une mère veuve et pauvre, à être abreuvé et nourri en premier.

Dans notre étonnement, regardons sa motivation qui justifie son agir.

“Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera…”.

Ainsi, en aimant Dieu par-dessus tout, en s’occupant en premier de l’envoyé de Dieu qu’était aussi son prochain, elle renonça à la peur de perdre sa vie et celle de son enfant, et recueillit le fruit de la promesse : l’abondance « infinie » d’huile et de farine, symboles de la vie éternelle.

Il en va de même dans l’Évangile, ce qu’aura mis la pauvre veuve, deux piécettes, pèsera plus dans le Trésor du Temple que tout ce qu’auront mis les riches.

“Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre”.

De même que pour la veuve du premier récit, son amour pour Dieu, représenté par le Temple, est plus fort que la peur de perdre sa vie terrestre ; de même son geste est chargé d’une valeur infinie, de vie éternelle.

Le pourquoi de cette valeur infinie peut s’expliquer par la ressemblance au Christ : son amour pour nous a été plus fort que la condition qui l’égalait à Dieu, amour qui l’a conduit jusqu’à la mort sur la Croix. Contemplons l’Amour de Dieu crucifié pour nous, faisons le nôtre ; rendons-nous siens. Aimés ainsi par Dieu, nous aimerons Dieu à notre tour, nous ne craindrons plus de mourir à nos peurs, à nos enfermements, à nos apparences, à nos fausses idées de bonheur. Alors, configurés au Christ, nous ne craindrons plus d’aimer à travers la mort, et alors nous vivrons.

Daniel Esquivel Elizondo
séminariste du Diocèse de Montpellier