Lorsqu’il y a un feu les pompiers nous expliquent quelles sont les conditions pour qu’un incendie puisse se produire. Ils nous disent qu’il faut, au moins, trois conditions : une matière combustible, une étincelle ou élément déclencheur et une température suffisante. Nous comprenons facilement les deux premières conditions. Évidemment, s’il n’y a pas de matière à brûler il n’y aura pas de feu. Sans étincelle non plus il n’y a pas de commencement de feu, et s’il n’y a pas de commencement…
Mais, nous le savons bien, il ne suffit de commencer, il faut durer …
Pour que notre feu grandisse il faudra aussi le l’air, de l’oxygène, sinon notre propre fumée l’étouffera.
Vous vous demandez, peut-être, qu’est-ce que cela a à voir avec l’Évangile ?
La réponse directe la plus claire se trouve, sans doute, dans la parole de Jésus :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé » (Lc 12,49)
La matière combustible c’est sans doute nos cœurs. Chacun de nous est appelé, touché par cette étincelle qui brûle dans le Cœur du Christ. L’étincelle, ou élément déclencheur, c’est bien l’appel de Jésus, cette invitation à lui répondre, qu’il adresse à tous ceux qu’il rencontre. Ce dimanche nous avons d’abord l’exemple d’Isaïe : « Me voici, envoie-moi ! », nous avons aussi les premiers disciples qui « laissant tout, le suivirent ».
Mais ce cœur qui répond comme par un élan, restera-t-il brûlant ? Nos histoires comme celles d’Isaïe, des Apôtres, des disciples de tous les temps, auront des hauts et des bas. Comme pour les disciples d’Emmaüs certains jours « notre cœur sera tout brûlant », mais à d’autres moments nous suivrons Jésus « de loin ». Jésus s’adresse à tous car la Parole de Dieu est comme la pluie qui « tombe sur les justes et les injustes », mais il veut aussi avoir des disciples qu’il pourra envoyer annoncer le Royaume.
C’est là que nous avons besoin les uns des autres. Nous sommes les uns pour les autres les braises qui gardent le feu. Pour donner le meilleur de moi-même j’ai besoin de vous mes frères et mes sœurs. Réciproquement, ma chaleur vous réchauffe et permet à votre braise de continuer de brûler, c’est à dire de toucher les cœurs de nos frères et de nos sœurs par le feu qui nous brûle. Si je me refroidis, je ne pourrai pas aider votre flamme à maintenir la température et le feu.
Dans nos temps difficiles il est tentant de faire, dans l’Église, comme on fait en politique. Tout le monde sait ce qu’il aurait fallu faire et ce qui, sans doute, nous conduirait au succès. Autrement dit, nous sommes toujours plus ou moins des « donneurs de leçons ». L’Évangile nous invite toujours, suivant l’exemple de l’humble pécheur, à dire chaque jour : « tu sais bien je t’aime » et à le suivre pas à pas.
P. Xavier ZABALETA