La présentation des cloches

LE DIT DES CLOCHES

 19 h texte lu à l’extérieur par Camille Migliassio et Madeleine Aimes

Les cloches sont des messagères.

Qu’elles soient dans les horloges pour dire l’heure, sur un bateau pour dire les manoeuvres, dans l’école pour la récréation, ou, encore, à la Bourse pour ouvrir la séance des cotations…

Tout en haut du clocher une cloche sonne les heures, elle a été fondue en 1788. Dans le clocher, au dernier étage, cinq cloches annoncent habituellement les offices et parfois des évènements concernant la communauté.

Trois cloches de dimension modeste : Alexandrine, Gabrielle et Isabelle ont été fondues à la fin du 18ème siècle.

Deux autres, le gros bourdon , Marie, avec la petite Bernadette, ont été fondues par Joseph GRANIER, en 1939.

Une histoire bien mouvementée.

Lors du sac de Béziers en 1209, la Chanson de la Croisade précise que les Biterrois poursuivis par les ribauds de l’armée des croisés …« Van sen a la gleiza et fan los senhs sonar »

Il y avait donc des cloches…

Ce clocher roman s’est effondré, la nuit de Noël, en 1354, par suite d’un incendie. L’ensemble des instruments de la sonnerie, le « classicum », s’est brisé.

Le nouveau clocher, élargi et surélevé, a été construit avant la fin du XIVème siècle avec une grande chambre pour les cloches. Il est raisonnable de penser que les chanoines ont reconstitué leurs «campanes» pour rythmer les heures des offices.

En ce début du XVème siècle, parmi ces nouvelles cloches, devait figurer une « senh mage », ancêtre de notre bourdon.

Au cours des guerres de religion, au milieu du XVI e siècle, les cloches furent mises à mal. En 1615, le chapitre décide de remettre la sonnerie en état.

Le procès-verbal de visite pastorale de Clément de BONSI, en 1633, fait état de six cloches : la grande cloche (le bourdon), la seconde, le « Dominicat » et trois « terciales ».

La « grande cloche » s’est cassée ultérieurement et sa refonte est signalée en 1650, par un certain DAIGNAC, qui le fit dans le jardin du Saint Esprit.

Le 15 août 1663, en sonnant la grand-messe, nouvel accident. On ne retrouve pas la date de refonte.

En 1723, des Biterrois, grands esprits férus de science, utilisent le bourdon pour des expériences acoustiques. Leur zèle a été fatal au bourdon. Le chapitre passa un marché avec Jacques GOR, maître fondeur de Pézenas, en 1724.

Le bourdon fut démoli dans le clocher, les morceaux descendus et pesés pour 114 quintaux. Le nouveau bourdon ne pesait que 90 quintaux !!! Le chapitre engagea un procès contre le fondeur…

Soixante ans plus tard, en 1785, pour fêter la naissance du deuxième fils de Louis XVI, sonnerie des cloches à toutes volées, le bourdon est encore fêlé !!!

Il ne sera à nouveau refondu qu’en 1789, quelques mois avant la Révolution, par Claude BRENEL ; il avait installé son atelier dans les jardins des prisons du Roi (actuel Musée FABREGAT). Son poids de 114 quintaux (4 936 kilos) était spécifié dans la commande et a été bien vérifié !!!

Pendant la Révolution, les cloches furent cassées et le bronze récupéré pour couler des canons pour la jeune armée de la République, mais, raconte l’historien FABREGAT, un accident est arrivé à l’homme qui voulait arracher de son poste le bourdon, « La Marie ». Les démolisseurs furent effrayés par cet avertissement. Seule « La Marie » survécut à la destruction.

Dernier avatar, à ce jour, une nouvelle fêlure la nuit de Noël 1937 !!!

Monseigneur BLAQUIÈRE lance une souscription auprès des Biterrois. Les résultats dépassent les besoins et l’on a pu, en plus de la refonte du bourdon, fondre une nouvelle cloche, LA BERNADETTE.

Les cloches de notre église sont chargées de messages sacrés. Elles ont été bénies deux fois : la première lors de leur coulage, dans l’atelier du fondeur, et une deuxième fois lors de leur « baptême » à l’église, au cours d’une messe.

Pour cette cérémonie, qui n’est pas vraiment un baptême, même si elle a Parrain et Marraine, la Cloche reçoit un nom, est encensée et bénie solennellement.

La prière de bénédiction exprime bien sa vocation particulière :

Pour rassembler ton peuple,

tu as ordonné à Moïse ton serviteur

d’utiliser des trompettes d’argent.

Tu ne refuses pas que, dans ton Eglise,

des cloches de bronze invitent ton peuple à la prière.

Bénis cette nouvelle cloche

et fait que tous tes fils,

en entendant sa voix,

élèvent vers toi leur coeur

et se hâtent vers ta maison,

pour y découvrir la présence du Christ,

écouter ta parole

et t’offrir leur hommage.

Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Ancrées dans l’histoire de MOÏSE, les cloches sont des « messagères sacrées » pour inviter les Chrétiens à la rencontre du Christ.

Au long de tous les siècles où un Chapitre entourait l’Évêque, jusqu’à la Révolution, des sonneries particulières rassemblaient les chanoines pour les offices des heures :

Matines, Sexte, Nonne, Vêpres, Complies, Vigile…

Aujourd’hui, la cloche de l’horloge, dit le temps qui s‘écoule, vous avez entendu sonner dix-neuf heures…

Les sonneries sont différentes suivant ce qu’elles annoncent :

L’Angélus, est une très ancienne pratique.

Cette prière à Marie, rappelle l’Annonciation : « l’ange du Seigneur dit à Marie… ».

C’est le rappel trois fois par jour du mystère de l’Incarnation de Jésus, Fils de Dieu, inauguration de la Nouvelle Alliance, fondement de la vie Chrétienne.

Les Messes,

Trois sonneries : une demi-heure et un quart d’heure avant la Messe, la troisième à

l’heure juste.

Pour les grandes fêtes, les cloches sonnent à toutes volées, ce sont les Fêtes Carillonnées,

Noël, Pâques, Pentecôte, assomption, Toussaint.

Le Glas,

Il annonçait un décès, mais aujourd’hui, il n’est plus sonné que pour la messe

d’enterrement, avec deux cloches, une grave et une plus aigüe, des séries de cinq

coups, lentes, espacées :

pour une femme deux coups grave et trois coups aigus,

pour un homme trois coups graves, deux coups aigus.

Le Tocsin :

Une sonnerie non consacrée à une cérémonie, une sonnerie de catastrophe.

Le tocsin a été sonné au point du jour du 22 juillet pendant que sonnaient les

trompettes dans le camp des « croisés ».

Il est rarement sonné actuellement. Pratiquement remplacé par la sirène municipale.

On le sonnait pour un incendie et ameuter les secours.

On l’a entendu pour la déclaration de guerre le 3 septembre 1939.

On le sonnait à Béziers pour annoncer une grave crue de l’Orb…

Il a sonné en décembre 1954 quand l’Orb est sorti deux fois en trois jours…

C’est la plus grosse cloche qui sonne le Tocsin, pendant près d’un quart d’heure, sur

un rythme régulier de 60 coups à la minute.