Ne crains pas de prendre chez toi Marie

Un texte de l’Évangile que l’on peut lire comme une description de ce qui s’est passé historiquement (bien sûr, avec les lunettes de la propre idée théologique d’un tel Évangéliste), mais on peut le regarder aussi comme un enregistrement indirect de la vie communautaire dans quelle l’évangéliste vivait et avait sa propre expérience de la vie chrétienne. Il me semble que dans le texte d’aujourd’hui on voit cette situation lorsque l’ange dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie … ». Pour moi, personnellement, c’est un peu la même expérience que celle de la communauté de St. Jean, lorsque Jésus dit sur la croix à son disciple bien aimé : « Voici ta mère.  Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui ». « Prendre chez soi » Marie dans le sens spirituel, dans sa vie de foi, je crois que c’était justement, une expérience importante autant de la communauté de Mathieu que de celle de Jean. Mais qu’est-ce que cela signifie « la prendre chez soi » ? En gros, il s’agit de l’inviter, de s’ouvrir à sa présence dans son propre cheminement spirituel. Je voudrais partager avec vous ma fascination récente, d’un texte d’un prêtre français Gabriel-Marie Jacquier (1906 – 1942). Il a écrit un petit journal de sa vie mariale : Les Carnets Noirs. Le texte est court, mais la profondeur et la simplicité sont frappantes. Selon Gabriel Marie Jacquier, l’eau de baptême symbolise le sein de la Vierge Marie et selon lui, nous sommes plongés non uniquement en Christ, mais aussi en elle. Gabriel-Marie ne propose pas une nouvelle piété dans le sens actif – qu’il faut faire telle ou telle chose : « Vivre en Marie, ce n’est pas une faveur spéciale, mais un fait auquel nous devons nous adapter » … quand même : « La vie de la grâce, comme toute vie, est une génération. Notre vie surnaturelle consiste donc à écarter tout ce qui peut nous arracher du sein maternel, et à nous maintenir bien attachés par la foi, l’espérance et la charité … ». Jacquier est moderne, il regarde la vie spirituelle, non comme ce que nous pouvons maitriser par nous-mêmes, au contraire : « Ici nous sommes vraiment ‘ in sinu Matris ‘. La grande partie de notre vie intérieure est de l’implicite, de l’inconscient, comme le petit caché dans le sein de sa mère ». Mais quel est l’objectif de cette vie mariale dans son sein ? Jésus y est resté pendant neuf mois : « Restons donc ainsi unis à Marie, toujours, sans interruption, et elle formera Jésus en nous ».

P.Jan Jankowski