Le kit du missionnaire
Frères et sœurs, Amis en Christ,
Ils étaient 72. Pas des apôtres de « première ligne » comme Pierre, Jacques, Jean ou Matthieu. Non, de ces 72 là, on a oublié le nom. Et pourtant ce sont eux que Jésus a envoyés pour porter son message. Des gens de la base, des visages ordinaires. Un peu comme toi, comme moi. Nous ne sommes pas des stars de l’Évangile, ni des Mère Teresa, ni des sœur Emmanuelle… Plutôt des Jeanne, des Sébastien, des Louane… Et pourtant, aujourd’hui, les 72 c’est nous.
Quelle confiance folle Jésus nous fait, en nous envoyant là où nous vivons : sur nos lieux de travail, d’études, de loisirs, de courses, dans nos immeubles, nos maisons de retraite. La mission commence dès qu’on passe la porte de chez soi. C’est fou, non ?
Jésus nous confie son message, à nous, malgré nos fragilités, nos blessures, nos limites, pour être ses ambassadeurs. Mais que voulez-vous, Dieu est amoureux de l’humanité. Et pour le manifester, il a besoin de nos mains, de nos voix, de nos cœurs. Mais la toute première chose qu’il nous demande c’est de prier. Oui prier, parce que nous sommes associés aux préoccupations du « Patron », le Seigneur de la moisson. Et ce n’est pas tout : Jésus nous demande même de sensibiliser le Patron au recrutement ! Prier pour que d’autres se lèvent et prennent part à la mission.
C’est beau, non ? Même ceux qui ne peuvent plus rien offrir, si ce n’est leur prière unie à leur souffrance, font déjà œuvre de missionnaire. Prier c’est déjà annoncer l’Evangile. Et on l’a trop oublié.
Puis vient l’envoi, un envoi un peu déroutant « comme des agneaux au milieu des loups ». Tu parles d’une offre d’emploi… !
Imaginez une boîte qui recrute en disant « on cherche des hommes ou des femmes prêts à se faire dévorer par plus forts qu’eux ». Et pourtant c’est bien ça.
Dans un monde d’indifférence, d’individualisme et de violence, témoigner devient un vrai défi. Mais Jésus ne nous envoie pas pour convaincre ou convertir à coups de discours, Il nous envoie pour aimer, pour témoigner simplement, avec tendresse, dans le respect de l’autre.
Et il va encore plus loin : pas de sac, pas d’argent, pas de sandale de rechange. Même le kit de survie du voyageur, il l’écarte. Pourquoi ? Parce qu’il veut qu’on fasse confiance à l’hospitalité des frères rencontrés en chemin. Qu’on vive léger, simple, accueillant.
Frères et sœurs, quelle remise en question pour nos communautés d’aujourd’hui, parfois lentes et lourdes à bouger, trop structurées, avec nos réunions bien ficelées, nos plannings bien remplis. Mais attention, à force de tout vouloir cadrer dans une bureaucratie cléricale, on risque d’étouffer le souffle de l’Esprit, coincé entre deux classeurs ou perdu dans un tableau Excel. Et vous remarquez, Jésus ne leur précise aucun contenu du message à annoncer, pas de dogme à répéter, rien à imposer. Notre monde n’a pas besoin de grandes déclarations, il a soif de paix, pas la paix des armes, mais la paix de Dieu.
Et quand Jésus nous dit : « mangez ce qu’on vous servira », il nous invite à nous adapter, à rejoindre l’autre tel qu’il est, dans sa culture, son mode de vie, à ne pas laisser nos différences paralyser l’amour. En nous demandant de « guérir les malades », il nous demande d’être proche de ceux qui souffrent, d’accompagner les solitudes. Le christianisme n’est pas une religion de « vœux pieux », mais une religion de fraternité, d’entraide, de partage.
Et vous savez quoi ? Les 72 reviennent tout joyeux. Peut-être un peu trop fiers d’eux. Mais Jésus les recentre: ce que vous avez fait, vous ne l’avez pas fait seuls. C’est la tendresse de Dieu qui a agi à travers vous et la vraie joie c’est que « vos noms soient inscrits dans le cœur de Dieu ».
Alors oui, frère, sœur, ami, toi aussi tu fais partie des 72. A toi de discerner ton don, ton charisme, ta manière unique d’être envoyé. A toi d’avoir l’audace, l’initiative, la créativité pour aimer à ta manière et devenir une preuve vivante que Dieu n’est pas mort.
Ami, en ce début de vacances, prépare ton sac de missionnaire. Glisse dedans une pincée de prière, une vague de douceur, un zeste de simplicité, un parfum de paix et cette proximité qui fait toute la différence: c’est ça le kit du missionnaire.
Alors belle baignade, bonne plongée dans le réel et surtout belles rencontres.
Amen