Vainquons la peur par l’amour.

Que notre vie sur terre soit précieuse, voilà une évidence. Cette crise sanitaire nous a rendu conscients de ce que nous sommes capables de faire pour la préserver, même si cela implique faire des sacrifices, l’instinct de survie prime. Qu’elle ne soit pas une fin en soi, qu’elle puisse passer après un bien plus élevé encore, voilà une vérité moins évidente. Et pourtant c’est à peu près ce que les lectures d’aujourd’hui semblent nous suggérer.

D’abord à travers le récit d’un prophète qui, en temps de famine, insiste auprès d’une mère veuve et pauvre, à être abreuvé et nourri en premier.

Dans notre étonnement, regardons sa motivation qui justifie son agir.

“Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera…”.

Ainsi, en aimant Dieu par-dessus tout, en s’occupant en premier de l’envoyé de Dieu qu’était aussi son prochain, elle renonça à la peur de perdre sa vie et celle de son enfant, et recueillit le fruit de la promesse : l’abondance « infinie » d’huile et de farine, symboles de la vie éternelle.

Il en va de même dans l’Évangile, ce qu’aura mis la pauvre veuve, deux piécettes, pèsera plus dans le Trésor du Temple que tout ce qu’auront mis les riches.

“Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre”.

De même que pour la veuve du premier récit, son amour pour Dieu, représenté par le Temple, est plus fort que la peur de perdre sa vie terrestre ; de même son geste est chargé d’une valeur infinie, de vie éternelle.

Le pourquoi de cette valeur infinie peut s’expliquer par la ressemblance au Christ : son amour pour nous a été plus fort que la condition qui l’égalait à Dieu, amour qui l’a conduit jusqu’à la mort sur la Croix. Contemplons l’Amour de Dieu crucifié pour nous, faisons le nôtre ; rendons-nous siens. Aimés ainsi par Dieu, nous aimerons Dieu à notre tour, nous ne craindrons plus de mourir à nos peurs, à nos enfermements, à nos apparences, à nos fausses idées de bonheur. Alors, configurés au Christ, nous ne craindrons plus d’aimer à travers la mort, et alors nous vivrons.

Daniel Esquivel Elizondo
séminariste du Diocèse de Montpellier

La résurrection est une lumière intérieure

Le Samedi Saint, en commençant à fêter la résurrection de Jésus nous préparons un feu, nous allumons le cierge pascal, nous entrons dans l’église avec ce cierge et nous multiplions cette flamme. Le célébrant chante trois fois

« lumière du Christ »

puis, on prie en chantant :

« Permets que ce cierge pascal, consacré à ton nom, brûle sans déclin dans cette nuit. Qu’il soit agréable à tes yeux, et joigne sa clarté à celle des étoiles. Qu’il brûle encore quand se lèvera l’astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ, ton Fils ressuscité, revenu des enfers, répandant sur les humains sa lumière et sa paix»

Nous fêtons donc la résurrection de Jésus en tant que lumière qui brille dans les ténèbres et qui les dissipe. Cette lumière, dont l’étoile de Bethléem indiquait la naissance, a brillé parmi nous avec une clarté croissante; les ténèbres du Golgotha n’ont pu l’éteindre. Elle reparaît maintenant parmi nous. La résurrection physique de Jésus serait pour nous sans valeur si la lumière divine ne resplendissait pas en même temps au-dedans de nos cœurs.

Parce que nous avons pris la résurrection de Jésus comme notre propre lumière, ce n’est pas pour nous un simple fait que nous constatons grâce à notre foi. C’est l’apparition d’un soleil intérieur qui éclaire les événements de notre vie. Il donne un sens nouveau à tout. Il constitue un ordre nouveau des choses et une nouvelle hiérarchie. Si le Christ est vraiment ressuscité rien ne peut plus être comme avant.

 

P. Christophe Paczos

Heureux les coeurs purs

« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »

Cette phrase nous est donnée par Jésus lors du sermon sur la montagne. Avec cette béatitude, Jésus nous rappelle qu’au-delà des actes, des paroles, c’est la pureté des intentions qui est véritablement importante. Dieu voit dans le secret des cœurs. Mère Teresa nous dit :

« On ne fait pas de grandes choses, mais simplement des petites avec un amour immense »

Les cœurs purs, ceux qui ne sont pas ternis par le mensonge aux autres ou à eux-mêmes, sont ceux qui peuvent refléter, sans la déformer, l’image de Dieu. Les cœurs purs sont des cœurs humbles qui, vides de tout orgueil, peuvent accueillir pleinement la grâce. Marie nous montre de manière parfaite à quel point les cœurs purs voient Dieu ; le sien, vierge de tout péché, a pu accueillir Dieu lui-même. Dans son Magnificat, cette superbe prière de louange qu’elle adresse au Seigneur, elle évoque déjà cette béatitude:

« Il s’est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse »

Sainte Thérèse de Lisieux nous montre aussi la petite voie, celle de l’humilité et du grand amour qui font d’un cœur pur une grande sainte. Pour nous engager sur ce chemin de la pureté de cœur, ce chemin de sainteté qui nous révèle Dieu, nous devons oser poser un regard juste sur nos intentions, à chacune de nos paroles, chacun de nos gestes. Est-ce bien l’amour qui me guide ? Nous pouvons prier le Seigneur pour nous libérer de nos peurs, de nos ressentiments, de nos croyances qui troublent son image dans nos cœurs.

 

La prière sauvera le monde et changera votre vie

Prier pendant l’année Saint Joseph

A l’occasion du 150 ème anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme patron de l’Eglise universelle, le pape François a déclaré cette année comme étant une année “spéciale saint Joseph”. Quelle belle occasion de se rapprocher du père nourricier de Jésus ; cet homme humble, tendre, courageux !

C’est dans le quotidien d’un père de famille qu’il a accepté l’extraordinaire de Dieu et déroulé son chemin de sainteté. Saint Joseph a pris soin de Marie et de Jésus, jour après jour, étape après étape. Il a “charpenté” le Christ comme le souligne Charles Péguy qui écrivait que Jésus c’est “Trente ans de charpente, trois ans de paroles”.

Avec autant de discrétion, de tendresse et de force, saint Joseph est prêt à nous aider dans notre quotidien, à prendre soin de ceux que Dieu lui confie. Comme l’évoque la très belle prière du Je vous salue Joseph, nous pouvons lui confier nos soucis de travail, de santé, de famille afin qu’il intercède auprès du Seigneur. Cette année, prions avec saint Joseph :

  • en lui demandant son intercession à travers des prières pour nos familles ou nos problèmes du quotidien (travail, logement, …), ou avec les litanies de saint Joseph,
  • en récitant le rosaire de saint Joseph ; une belle manière de méditer des moments de la vie de Jésus, à travers les yeux de Joseph,
  • en cheminant un temps avec lui à travers une neuvaine (prière de neuf jours) ou même un trentain (prière de trente jours) !

Doux saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous, dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. 

 

La prière sauvera le monde et changera votre vie

L’Amour jusqu’au bout

LIVRE DU PROPHÈTE ISAÏE, CHAPITRE 53

01 Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? 02 Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire.
03 Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.

04 En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.
05 Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. 06 Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.

07 Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. 08 Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. 09 On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.

10 Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. 11 Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. 12 C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

MÉDITATION DE VINCENT LECLAIR

Ce texte écrit longtemps avant Jésus-Christ présente un mystérieux personnage: le Serviteur que la tradition dit souffrant. La fin du chapitre 52 m’a averti de son destin étonnant. Je scrute ce récit dans son actualité :

Reconnaître le serviteur : Les versets 1-3 présentent un homme dans la déchéance, la relégation, la répugnance les plus grandes. On détourne de lui le regard, on cherche à l’éviter. Cet homme, dont il m’est trop difficile de supporter la rencontre, qui est-il aujourd’hui, dans ma vie?

Comprendre le serviteur : Dans les versets 4-6 je suis invité à changer ce premier regard horrifié. Cet homme, pourquoi lui refuser toute dignité humaine ? Pourquoi chercher à le disqualifier, à le déclarer coupable de son sort ? Quelle injustice dénonce sa présence ? Que révèle-t-il de nos responsabilités individuelles et collectives ?

Contempler le serviteur : Dans les versets 7-9 il s’agit de prendre la mesure de l’injustice, de l’abandon, de la trahison et de la dérision, subis jusque dans la tombe. Qui suis-je tenté de traiter ainsi ? Pourquoi ?

Accueillir de lui le salut : C’est la difficile conversion qui m’est proposée dans les versets 10-12. Le serviteur a subi les pires opprobres, allant jusqu’au bout de l’humiliation, sans se dérober. Par cela, il me rend capable de renouveler mon attitude à l’égard de tous ses semblables, mais aussi de découvrir un salut qui vient de bien au-delà de ce que je peux comprendre.

Très tôt, les chrétiens ont relu ce texte en relation avec la passion de Jésus (cf 1P2, 21-24). Jésus s’est fait proche de l’homme pécheur au point d’accepter librement d’être victime de ce péché.

Il s’est fait proche de l’homme maltraité jusqu’à en assumer toute la souffrance et la déréliction. Il ne cesse d’appeler chacun à aimer ainsi, à sa suite, jusqu’au bout.

Le vendredi saint, c’est ce moment où je peux accueillir ce don de soi sans mesure, et où j’entends résonner en moi cet appel vertigineux.

Entraînés dans la spirale d’amour

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN 17
Déjà nous avons vu une partie de ce texte la semaine dernière, il est bon de le reprendre aujourd’hui en entier

Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.

Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux.

Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.

Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.

Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.

Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

LA MÉDITATION D’ANNE ROSE THOLÉ

Les paroles d’adieu de Jésus, lors de son dernier repas, vont vers son Père. Il exprime ce qu’Il vit avec son Père, afin que ses disciples comprennent bien cette relation d’amour qui existe entre ce Père et son Fils, depuis toute éternité. Peut être est-ce là que nous touchons, que nous comprenons le « Un » du Père et du Fils, le « Un » par l’amour qui les unit. « Pour qu’ils soient un comme nous sommes un ».

Ces confidences de Jésus, un peu comme un testament à ses disciples s’apparentent à ce que pourrait dire un père ou une mère, avant de mourir. Ils souhaitent laisser à leurs enfants leurs dernières directives, leur donner leurs ultimes volontés, non pas à propos d’ un héritage matériel, mais d’un héritage spirituel, qui touche à l’essentiel d’une relation. « Restez unis, soyez unis entre vous, comme cette relation d’Amour dont le Père comble son fils Jésus. Et soyez unis envers et contre tout ». Jésus demande à son Père « de les garder du mauvais ». C’est cela qui est le plus vital, le plus important et qui vous apportera la joie comme le Père, Dieu, a comblé son fils, Jésus-Christ.

Jésus demande à son Père d’aimer ses disciples, comme celui-ci l’a aimé lui « que le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Plus loin il poursuit

« Je leur ai fait connaître ton nom… afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ».

Nous voici frères et sœurs en Jésus, fils et filles du même Père. Voilà, la boucle est bouclée, et si nous croyons véritablement à ces paroles de Jésus, nous ne pourrons plus douter de l’amour de Dieu pour nous, pour chacun(e) de nous ; nous ne pourrons plus non plus douter de ce cadeau que Jésus nous fait… nous sommes entraînés aujourd’hui encore, dans la spirale de d’amour qui existe entre le Père et le Fils, entre Dieu et Jésus. C’est cela notre foi et c’est cela notre espérance.

Un événement marquant

LA MÉDITATION DU PÈRE BERNARD

Nous entrons dans la Semaine Sainte avec ce thème :

« Pour la gloire de Dieu et le salut du monde »

Des événements qui se sont passés dans un tout petit pays de la planète, prétendent concerner à la fois le ciel et la terre, la gloire de Dieu et le salut du monde. Des événements qui se sont déroulés en quelques jours prétendent marquer une césure dans le temps, un événement central qui éclaire tout à la fois notre origine et notre accomplissement final.

Certaines personnes affirment qu’il y a eu, dans leur vie, un événement central après lequel elles ont relu différemment leur passé et vécu différemment leur avenir.

Dans nos vies, sans doute plus modestement, il y a des événements marquants qui ont transformé notre regard sur nous-même et notre histoire et qui ont fait évolué notre comportement : une rencontre, un deuil, un engagement, une réussite, un échec… 
La Semaine Sainte est un événement, le surgissement de Dieu dans l’histoire de l’humanité. Non point une manifestation éclatante de Dieu qui nous aurait écrasée et terrorisée, mais au cœur le plus noir de notre condition humaine, une puissante tendresse que la cruauté n’a pas pu vaincre. Tel est le rayonnement de la gloire de Dieu. Telle est la victoire dont la douce déflagration va se diffuser comme onde bénéfique.

Ouvre-toi aujourd’hui à cette puissance de vie qui surgit encore de cette semaine sainte entre toutes.

Comme le grain, porteurs de vie et d’espérance

« Je serai leur DIEU, ils seront mon peuple »

nous dit Jérémie  dans la première lecture. Dieu fait alliance avec son peuple pour tous le connaissent. Notre Dieu est le Dieu qui se fait tout proche, Il cherche l’homme « Adam où es tu ? »  (Genèse 3-9) : Il nous fait confiance. Dieu se rend présent là où la foi et l’amour peuvent le reconnaître ; Il veut se révéler y compris là où il y a la détresse et l’angoisse, là où on ne peut pas le reconnaître parce qu’on ne le connait pas. Il est l’amour qui se multiplie pour se communiquer autant qu’il est possible.

L’évangile de ce jour nous parle du grain de blé :
c’est le Christ le grain de blé.

Dans un monde avide de gains, le chrétien peut-il se faire serviteur ? Peut-il devenir comme Jésus ce grain de blé qui porte la vie, l’espérance, la joie en ce monde ? Peut-il mourir à ses habitudes, à son confort pour aller plus loin dans sa générosité, dans sa disponibilité ? Dieu bouleverse nos plans et nos tranquillités : « avance au large », dit-il à Pierre et ses disciples (Lc 5 1-11), Il nous le dit peut être à nous aussi, « avance en eau profonde », cela peut faire peur !

Demandons à l’Esprit Saint de réveiller en nous ce désir de porter du fruit, le désir de sortir de nous-mêmes, le désir de la rencontre avec nos frères.

Autour de nous, il y a des gens qui sont « nus », ils ont besoin d’être vêtu de ta tendresse, de ton affection. Le vrai combat se joue à l’intérieur de notre cœur, dans la décision. L’Esprit Saint peut nous donner la force, Il est celui qui ouvre les cœurs, qui délie les chaînes, qui nous donne l’audace pour annoncer le Royaume. Soyons convaincus que le don de la foi est un trésor à partager. Il faut brûler et croire que nous sommes la lumière du monde (Mt 5 14-15), le monde cherche la vérité, la lumière. Jésus nous envoie pour que tous aient part à la Rencontre.

Belle montée vers Pâques, restons en communion de prière.

 

Marie-Line VIRASSAMY
Membre de l’Équipe d’Animation Pastorale

Moi en eux, et toi en moi

ÉVANGILE SELON SAINT JEAN  17

Père, j’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un,
comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN: moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un,
afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis,
ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

MÉDITATION DE SOEUR BÉATRICE

Ce passage de l’Évangile de Saint Jean est le dernier chapitre avant que ne commence le récit de l’arrestation et de la passion du Christ. Ce chapitre 17 est le seul passage du NT qui nous rapporte une prière aussi longue de Jésus adressée à son Père en faveur de ses disciples d’abord, puis en faveur de ceux qui croiront en Lui grâce à leurs prédications. Jésus sait bien qu’il va mourir et les laisser, il les prend dans ses mains pour les présenter au Père et prie pour eux.

« Sanctifie-les par la vérité : ta parole est vérité… pour eux je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient eux aussi sanctifié dans la vérité »

Nous avons une relation avec un Père Saint, alors que nous vivons au milieu d’un monde corrompu, d’où notre responsabilité de marcher et de vivre de manière qui glorifie notre Père Saint. 

« Je ne prie pas pour eux seuls… »

Le Christ a pensé non seulement à ses apôtres qui étaient près de Lui mais aussi à tous ceux qui recevraient dans leur cœur sa parole, la prédication de ses apôtres. Car ils prêcheront ce qu’ils ont reçu dans leur cœur, ce qu’ils ont vu, touché, contemplé et entendu du Fils de Dieu, le Christ. La finalité ici est que, tous les croyants, fidèles du Christ, nous puissions tous constituer une communion autour de Lui en ayant: les mêmes pensées et les mêmes sentiments et que nous entrions, enfin de compte dans la joie de son royaume.

« Que tous soient un »

Entre le Père, le Fils et le Saint Esprit il y a un amour éternel et parfait. Le Seigneur a fait cette demande pour tous ceux qui croient en Lui, qu’ils soient un comme lui-même est en communion parfaite avec son Père. En effet, les croyants sont appelés à prendre part dans la communion trinitaire afin que le dessein de Dieu s’accomplisse entièrement.

Cette unité nous dit quelque chose du dessein de l’humanité qui est appelée à l’unité pour la parfaite manifestation de la gloire de Dieu. Les vies humaines sont unies, rassemblées pour appartenir, selon le désir de Dieu, à la grande famille des enfants de Dieu sauvés en Jésus Christ.

Dans l’Eucharistie le Christ vient à nous par le signe du pain partagé, signe concret de l’amour infini du Père qui est toute sa vie. L’Esprit Saint est le sceau de l’unité du Père et du Fils.

Jésus prie pour que nous soyons un, pour l’unité de chaque personne, l’unité intérieure. Cela s’obtient par l’union avec Dieu. Ce qu’Il désire c’est  l’union avec l’homme, la personne que nous sommes, d’une union telle que le Christ soit en nous et nous en Lui pour la gloire infinie de Dieu le Père.

Tu as du prix à mes yeux

DU LIVRE DU PROPHÈTE ISAÏE  43,1-9

Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël :

Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu,
tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas. Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Pour payer ta rançon, j’ai donné l’Égypte, en échange de toi, l’Éthiopie et Seba.

Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie. Ne crains pas, car je suis avec toi.

Je ferai revenir ta descendance de l’orient ; de l’occident je te rassemblerai. Je dirai au nord : « Donne ! » et au midi : « Ne retiens pas ! Fais revenir mes fils du pays lointain, mes filles des extrémités de la terre, tous ceux qui se réclament de mon nom, ceux que j’ai créés, façonnés pour ma gloire, ceux que j’ai faits ! ». Faites sortir le peuple aveugle qui a des yeux, les sourds qui ont des oreilles. Toutes les nations sont rassemblées, les peuples sont réunis. Qui, parmi eux, peut annoncer cela et nous rappeler les événements du passé ? Qu’ils produisent leurs témoins pour se justifier ; qu’on les entende et qu’on puisse dire : « C’est vrai ! »

 

LA MÉDITATION DE DOMINIQUE BREMOND
Tu as du prix à mes yeux

Ces paroles sont au cœur du livre d’Isaïe, dans ce qu’on appelle « Le Livre de consolation d’Israël » du chapitre 40 au chapitre 55. Le Seigneur ne nous abandonne pas, Il est celui qui fait miséricorde et qui console. Malgré nos idoles, nos défaillances, Il est là présent dans nos vies. Il nous demande de ne pas craindre d’être avec Lui.

Nous voyons le Seigneur instaurer un dialogue avec son peuple. Dans le contexte de l’exil il entend la déclaration vitale de son amour : «Tu as du prix à mes yeux, … tu as de la valeur et … je t’aime ». Il promet un retour en Terre Sainte et il désire que des témoins se lèvent pour dire « à toutes les nations » que « c’est vrai , Dieu nous aime ». Il s’engage et aime sans condition.

Comment, aujourd’hui, est-ce que j’entends ce dialogue ? Comment je reconnais cette promesse de Jésus pour moi et quelle est ma réponse ?

Notre participation à l’Eucharistie est le temps par excellence de l’accueil de cet amour donné. Nous avons besoin d’être nourris par la Parole, en partage avec mes frères assemblés. Nous n’aimons pas tout seul et nous ne serons véritablement frères du Christ qu’en allant à la rencontre de l’autre. Nous avons besoin de partager notre foi. Le Seigneur nous appelle auprès de nos frères car toute l’humanité est appelée. Dieu nous demande d’être des témoins. Dieu s’engage en premier et nous demande de nous engager avec Lui afin de proclamer : « c’est vrai ».